Publicité
Publicité
Guillaume Gomez, chef de l'Elysée

Dans les cuisines de l'Elysée

L'histoire de la semaine
14 mai 2017 Épisode · Société
Description

Plongée au cœur des cuisines de l'Elysée, un palais sous le palais.


Un sous-sol d’inox, d’ombres et de saveurs. Une brigade toquée et taiseuse, précise et concentrée. Juste le battement des fouets et le raclement des cuillères, le ronronnement des hottes et les bips des minuteurs. Les batteries de cuivres astiqués, les feux doux, vifs, réglés à la seconde. Partout : des senteurs, des bouquets captivants, délicieux. Vous n’en saurez pas plus : les couvercles sont sur les casseroles et les secrets enfermés dans les marmites et derrière les portes des fours. Un doigt de torchon qui essuie d’une virgule un rebord d’assiette. Un fumet qui monte à l’étage et à l’esprit. Les cuisines de l’Elysée, les papilles du palais, un royaume dans le royaume : souterrain, indépendant et mystérieux, une petite armée d’uniformes blancs. Une vingtaine d’hommes habiles et obéissants. Que des hommes. La troupe autour d’un chef : LE chef. L’autre chef de l’Elysée, le chef du chef de l’Etat. L’homme qui nourrit le Président, celui qui veille sur son ventre, celui qui parle à son deuxième cerveau.

Un cuisinier à moitié chamane, qui sait lire dans ses restes, déceler ses carences, deviner ses désirs, qui sait comment recharger les batteries du grand patron, apaiser ses tensions, lui donner du plaisir. Le chef de l’Elysée, un homme clef de la République. Guillaume Gomez aujourd’hui, hier, son mentor Bernard Vaussion, avant eux : les Normand, Le Servot et Pelois… La bande des cinq. Plus d’un demi siècle d’histoires de palais au palais, des cadors des fourneaux qui n’ont jamais eu d’autres ordres à recevoir que ceux des Présidents de la Vème ou de leurs Premières dames. Du général de Gaulle à François Hollande. Ils les ont tous fait manger, choyé leurs familles, régalé leurs amis, flatté leurs invités, réconforté leurs conseillers. Ils ont nourri des fines gueules, des gloutons, des insatiables, des ascétiques, des dédaigneux, des capricieux, des pique-assiettes, des bedonnants, des maigrichons, des géants et des avortons. Autant de goûts, d’envies, de préférences auxquels les chefs de l’Elysée ont toujours su s’accommoder.

 

Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es : l’aphorisme de Brillat-Savarin. Au fil de l’histoire, les menus sont édifiants et les anecdotes savoureuses, les silhouettes des uns et des autres se dessinant rapidement dans leurs assiettes. L’ombre d’un grand homme penché au-dessus de l’une d’entre elles. Le général, qui raffolait des sardines et des petits pois en conserve que Tante Yvonne allait discrètement lui acheter aux Halles. De Gaulle pour qui la ponctualité des repas primait sur le contenu de l’assiette : 13h10 tapantes pour le déjeuner. 20h15 sonnantes pour le dîner. Le général, grand fana de bouillabaisse, qui aura dynamité les usages des précédentes Républiques, débarrassant sa table de la grande cuisine bourgeoise giboyeuse et de sa quinzaine de plats défilant pendant trois ou quatre heures. Avec le général : cinq plats maximum et deux heures à table tout au plus.

 

Son successeur, Georges Pompidou, sera celui qui fera rénover les cuisines du palais. Pompidou, le terrien, gourmand, amateur de plats canailles, de gigot de sept heures, de Bourguignon et de veau aux carottes. Tout le contraire d’un Valéry Giscard d’Estaing, qui sera le président de la nouvelle cuisine. Un admirateur de Bocuse qui créa pour lui le VGE, un potage aux truffes, aussi goûteux que snob. Dans l’histoire des cuisines élyséennes, François Mitterrand restera sans doute, le plus difficile des locataires du palais. Un gourmet rarement satisfait, un monarque socialiste, friand de foie gras et d’ortolans, capable de faire venir des coquillages de l’autre bout du monde pour un dîner entre amis. Une table Mitterrandienne, souvent garnie d’un grand pot de caviar ou chacun pouvait se servir à la cuillère.

 

Une gauche béluga, renversée par un Chirac découpeur de têtes de veau, de viandes saignantes, d’agneaux rosés et de poulets rôtis. Un ogre toujours affamé, mordu de joues de bœuf, d’osso bucco, de boudins aux pommes et d’escargots, pleins de beurre. Un super-client pour les chefs, à l’inverse d’un Nicolas Sarkozy, tout petit mangeur, plus fine bouche qu’on l’imagine, mais obsédé par sa ligne, sa forme et le temps perdu. Jamais un verre de vin. Un Sarko, fou de chocolat, de pâtes italiennes et de légumes croquants. Un champion du mangé digéré en 20 minutes chrono. 20 minutes… A peine nécessaire pour préparer un cordon bleu selon les règles de l’art. Le cordon bleu, le petit péché mignon d’Emmanuel Macron. Au Veau, à la dinde, au poulet, avec du jambon cuit, cru ou fumé, depuis une semaine, le maître de la cuisine de l’Elysée, Guillaume Gomez, a déjà imaginé toutes les variantes possibles. La nouvelle Première dame peut d’ores et déjà être rassurée. Le 55 faubourg St-Honoré, est le dernier endroit où son tout jeune président de mari mangera des saloperies.

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
de muru
Société

Europe 1 13h

Stéphanie De Muru

Tous les jours de la semaine, Stéphanie de Muru fait un point de l'actualité à la mi-journée avec Europe 1 13h. Au programme : des reportages, des invités et la parole des experts et journalistes de la rédaction en studio pour apporter un éclairage supplémentaire.

Société

Libre antenne

Olivier Delacroix

Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).

Alexandre Le Mer
Société

Europe 1 Bonjour

Alexandre Le Mer

Alexandre Le Mer, entouré des journalistes de la rédaction d'Europe 1, vous guide à travers un tour complet de l'actualité dès les premières heures du jour. Pendant deux heures, plongez dans un format convivial où chaque demi-heure vous apporte une nouvelle édition des journaux, pour rester à jour avec les dernières informations. Un moment idéal pour commencer la journée informé, tout en profitant d’un ton décontracté et d’une équipe passionnée par le décryptage des événements qui façonnent notre monde.

Dès 15 heures, suivez en direct la final hommes de Roland-Garros. Europe 1 radio officielle de Roland-Garros. 

Société

On marche sur la tête

Cyril Hanouna

Retrouvez Cyril Hanouna et toute sa bande du lundi au vendredi de 16h à 18h sur Europe 1 ! Entouré de ses chroniqueurs, il revient sur l'actualité politique. Mais avec Cyril Hanouna, les auditeurs ont également la parole ! Pour réagir, n'hésitez pas : 01.80.20.39.21

Dimitri Pavlenko.
Société

Europe 1 Matin

Dimitri Pavlenko

Des journaux, des interviews, de l'expertise, une revue de presse, de l'humeur... Emmené par Dimitri Pavlenko, Europe 1 Matin, c'est deux heures d'informations, mais pas seulement. C'est aussi du décryptage et de l'analyse pour mieux comprendre le monde qui nous entoure et les enjeux derrière les dernières actualités. Politique, société, économie, faits divers, sport... Aucun sujet n'échappe à la rédaction d'Europe 1. <br />

Société

Europe 1 Midi week-end

Lénaïg Monier

Dans Europe 1 Midi week-end, Alexis de La Fléchère fait en 30 minutes, un tour complet de l'actualité nationale et internationale avec la rédaction d'Europe 1 et ses invités.

Société

Europe 1 Matin week-end

Lénaïg Monier

Chaque samedi et dimanche, de 6h à 9h, Lénaïg Monier, entourée des journalistes de la rédaction et des chroniqueurs de la station, vous propose un point complet sur l'actualité pour mieux la comprendre. Un rendez-vous incontournable pour commencer votre week-end. Culture, société et évasion seront également au programme de ces trois heures.<br /> <br /> Alexis de La Fléchère remplace Lénaïg Monier ce samedi 31 mai et dimanche 1er juin.

Europe 1 a donné la parole aux grandes voix de notre époque. Plongez dans ces échanges passionnants tirés de nos archives, qui ont façonné notre société. Gisèle Halimi, Bernard Pivot, Françoise Giroud… autant de figures emblématiques dont les réflexions résonnent encore aujourd’hui.<br /> <br /> Le podcast Les Grands Entretiens est disponible sur le site et l’application Europe 1, ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.