Mais qui est vraiment Jesse Hughes, le leader des Eagles of Death Metal, groupe de rock devenu tristement célèbre depuis le 13 novembre ?
Le cul et la bière, le sens de la vie pour Jesse Hughes, une espèce de Big Lebowski du rock alternatif, un dude roux, rance et moustachu, aussi accro au pétard qu'accroché à Jésus. Le Christ, son sauveur, au nom duquel Jesse the Devil, ("Le diable", son alias de scène) est devenu pasteur il y a quelques années. Un drôle de paroissien de l'universal life church, une église californienne dont on devient membre sur internet et qui ordonne ses fidèles révérends en quelques clics. Du coup, régulièrement, entre deux tournées des Eagles of Death Metal, Jesse célèbre mariages et enterrements. Dieu qui a sauvé Jesse de l'enfer, il y a une quinzaine d'années, quand tout partait en vrille dans sa vie, lorsqu'il était au fond du trou. Trop de picole, trop d'herbe, trop de cochonneries alimentaires, un obèse cocufié par sa femme, qu'il surprend dans son lit avec sa plus vieille copine. Un trauma compréhensible, une dépression carabinée, mais Jésus et son ami d'enfance Josh Homme sont là. La Bible, la fraternité, et la cure de désintox feront leurs effets. C'est un Jesse ressuscité qui refait cracher sa Gibson. Nouveau groupe, les Eagle of Death Metal, nouveau look, bretelles et tatouages partout, et nouvelle compagne. Une ancienne actrice porno dont Jesse explique entrée deux gorgées de budweiser qu'elle est la seule à supporter sa cyclothymie et ses érections à répétition.
Fuck, rock and god, ça ne rime pas mais Jesse Devil Hughes s'en fout, avec la bénédiction de notre seigneur, il faut que la life sur terre soit cool, analyse le rockeur, qui envisage de se faire tatouer le visage de Jésus entre ses têtes de mort et ses créatures fantastiques. Problème, le seul espace disponible est à côté d'un pigeon qui lui défèque sur le deltoïde gauche. Pas vraiment un endroit convenable pour Jésus. Le pigeon, un hommage ironique à Axel Rose, le leader des Guns & Roses, qui avait traité les Eagle of Death Metal de "pigeons de merde du rock n roll". La Bible, et la blague, c'est l'autre credo du rockeur. Humour toujours, dans les textes de ses chansons, sur scène avec son public, dans la vie avec camarades. Déconner, toujours, même en pointant un revolver sur le visage de l'un d'entre eux. Entre deux bouffées de cannabis, Jessie trouve ça très marrant. Pétard et pétard, Jessie aime autant l'un que l'autre. Une véritable passion pour les calibres qui le fait naturellement cotiser à la NRA, la toute puissante association américaine qui défend le port d'arme.
Assumé aussi dans son orientation politique. Un vrai conservateur qui défend Donald Trump et qui est nostalgique de George Bush, véritable héros américain selon Jessie qui rêve un jour de faire de la politique, de devenir sénateur, "mec", "mec", comme dit Jessie à tout bout de champ. Le rockeur qui s'imagine au Congrès assis du côté des Républicains. Un vrai mec de droite opposé à l'avortement et au mariage homosexuel.Autant de sujets auquel le diable des EDM ne touche jamais dans ses chansons. Il ne faudrait surtout pas saloper le rock avec des idées politiques. Du Jessie Hughes dans la partition. Celle d'un des musiciens les plus doués de sa génération, le plus provocateur et le plus "ouf", les derniers mots revenant à sa maman pour parler de son Jessie Devil, un gamin archi sensible qui adore se déguiser en cow boy juste pour amuser ses copains et ses copines.