Scott Kelly a atterri Mercredi après 340 jours passés à l’intérieur de la station spatiale internationale.
Ce quinquagénaire aura fait 5 440 fois le tour de la terre à une altitude variant entre 330 et 420 km.
Un lever et un coucher de soleil tous les 3/4 d'heure. Une mission pour comprendre l'effet sur le corps des longs séjours dans l'espace. Faire des pompes au plafond, jouer au ping-pong avec des gouttelettes d'eau, flotter en apesanteur déguisé en gorille... Le voyage spatial aura pris des allures de trip hallucinogène pour Scott Kelly. Un lever et un coucher de soleil tous les 3/4 d'heure, 90mn pour faire le tour de la terre, une "expérience étourdissante" raconte ce vieux cobaye de l'espace qui vient de raccrocher avec le plancher des vaches. A peine arrivé on l'a ausculté, scanné, "IRMisé" dans tous les sens, à moitié disséqué pour voir comment son organisme avait vécu les 340 jours dans l'espace.
Il a grandi. Les premiers résultats du check-up sont assez étonnants. Scott Kelly a le visage beaucoup plus rond qu'à son départ, mais surtout il a grandi ! Il a gagné un peu plus de 5cm. Un supplément de taille que Scott Kelly devrait reperdre dans les tous prochains mois, une fois réadapté à notre environnement terrestre, au poids de la gravité qui va comprimer sa colonne vertébrale. Cette force le contraindra à être plus petit qu'il ne le serait en orbite. Scott devrait retrouver la taille de Mark Kelly, son frère jumeau, resté sur Terre pour constater les différences. Avant le départ dans l'espace de Scott, Mark était son double. Depuis qu'il est revenu, Scott est non seulement plus grand, mais aussi un tout petit peu plus jeune que son frère : 10 millième de seconde pour être précis. Un différentiel complètement absurde pour nous qui perdons des heures à nous énerver chaque jour, mais qui est très important pour les scientifiques qui travaillent sur la vitesse de la lumière et sur la théorie de la dilatation du temps.
Des effluves âcres, une odeur de métal. La pensée d'Einstein postule, pour faire court, que le temps s'écoule moins vite dans l'espace que sur Terre. Cette bonne vieille pomme bleue, qui même polluée à mort, conserve un air unique, un parfum "délicieux" comparé aux odeurs étranges de l'espace. Des effluves âcres, une odeur de métal chauffé et de steak brûlé quand on ouvre la porte de la station spatiale. Le manque d'air de la Terre va de paire avec le manque d'eau : impossible de prendre une douche ou de passer la tête sous le robinet. Un rêve pour bon nombre d'adolescents, un cauchemar pour les astronautes. 340 jours à se laver avec des lingettes, l'impression d'avoir passé un an dans les bois.
Pas le choix. La microgravité fixe les gouttelettes dans l'air avant de les envoyer se coller au corps humain et dans l'environnement le plus proche. Le cadre à des expériences multiples, dont quelques parties de ping-pong surréalistes grâce à une raquette hydrophobe spécialement développée pour le voyage. Des expériences plus ou moins ébouriffantes menées à 400km au dessus de nos têtes. Le vide interplanétaire avec ses moments de tension, de rire ou d'intense méditation.
Le commandant Scott Kelly ne retournera sans doute plus jamais là-haut. Il gardera son costume de gorille qu'il avait reçu par cargo spatial pour Halloween, et des images éblouissantes de notre planète. "La Terre, absolument sublime vue de là-haut."
Une chronique réalisée par Marc Messier.