Chaque matin, Philippe Vandel répond à un pourquoi de l'actu.
Pourquoi y-a-t-il des dessins sur la tranche des pièces de monnaie?
Prenez une pièce. 2 euros. Vous remarquez que la tranche est constellée de petits créneaux, comme une engrenage miniature avec des sortes d’étoiles. C’est ce qu’on appelle les cannelures. Si vous n’avez pas 2 euros sur vous : prenez la pièce d’1 euro : les créneaux sont encore là, mais se succèdent de façon discontinue.
C’est nouveau?
Non. Sur l’ancienne pièce de 10 francs, on pouvait carrément lire la devise de la République : Liberté-égalité-fraternité. Et c’est pareil pour la plupart des pièces dans le monde, pas seulement en France. Elles ont quasiment toutes quelque chose de gravé sur la tranche. Pourquoi ? Parce que c’est une tradition.
Et vous allez me dire : que cette tradition a un sens
Exactement. Comme très souvent, elle ne doit rien à l’arbitraire. Cette pratique remonte à l’Ancien Régime (du temps des rois). Alors que les pièces étaient en or, des petits malins avaient trouvé une combine pour améliorer leur ordinaire. Ils limaient le bord des pièces pour récupérer de la poudre d’or. Ensuite, ils remettaient la pièce en circulation. Ni vu ni connu. On les a appelés “les rogneurs” (le mot apparaît dans les dictionnaires en 1690). C’était un crime sanctionné par la peine de mort, comme la fausse-monnaie, assimilé à de la haute-trahison. Sauf que c’était un crime difficile à repérer, puisque jusqu’au XVIIe siècle, les pièces étaient frappées au marteau. Elles n’étaient pas parfaitement rondes comme aujourd’hui mais irrégulières.
Dès lors qu’elles ont été frappées avec des techniques plus modernes, comme celle du balancier, qu’elles sont devenues plus régulières, on a trouvé le moyen de sanctionner cette technique. Pour limiter l’activité de ces rogneurs, on a mis des créneaux ou une devise sur la tranche des pièces. S’il le texte n’étaient plus lisible, la pièce ne valait plus rien. Aujourd’hui, on détecte les cannelures crées par les faux-monnayeurs, avec des machines à rayon laser. On n’arrête pas le progrès. Ni les arnaques.