Attentat contre Charlie Hebdo : le point sur l'enquête

© Le Raid déployé à Reims mercredi soir, où quatre personnes ont été interpellées. AFP
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et avec le service Police-Justice d'Europe 1 , modifié à
L'ENQUÊTE - Deux jours après le sanglant attentat contre l’hebdomadaire, neuf personnes se trouvent en garde à vue. Les deux tireurs présumés restent en fuite.

Après la sanglante attaque du journal Charlie Hebdo, l'heure est à l'enquête. Les investigations sur l'attentat à l'arme automatique, qui a fait 12 morts mercredi dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, progressent. Neuf personnes se trouvent en garde à vue jeudi soir, a déclaré Bernard Cazeneuve lors d'un point presse.

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La traque des tueurs se poursuit. Les deux tireurs présumés, toujours en fuite, ont été repérés armés jeudi matin, dans l'Aisne, dans une zone d'une centaine de kilomètres. Le gérant d'une station-essence à proximité de Villers-Cotterêt, dans l'Aisne a "formellement reconnu les deux hommes soupçonnés d'avoir participé à l'attentat de Charlie Hebdo", a expliqué une source proche du dossier. "Les deux hommes sont cagoulés, avec kalachnikov et lance-roquettes apparentes", a confirmé une autre source. Les forces de l'ordre poursuivent leurs recherches dans la nuit de jeudi à vendredi. Des hélicoptères sont mobilisés, et des barrages de contrôle ont été maintenus dans la zone de recherche.

Europe 1 fait le point sur l’enquête en cours.

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Qui sont les deux tireurs présumés ? Ils sont jeudi les hommes les plus recherchés de France : Cherif et Saïd Kouachi, deux frères de 32 et 34 ans, nés à Paris, dans le 10e arrondissement, non loin des locaux de Charlie Hebdo. Tous deux avaient été repérés par les services de renseignement et avaient fait l’objet d’une surveillance, a révélé Bernard Cazeneuve sur Europe 1 mercredi. Mais les éléments recueillis alors n’avaient pas permis d’ouvrir une enquête judiciaire contre eux, a précisé le ministre de l’Intérieur.

Charlie Hebdo appel à témoins, kouachi, 1280

© AFP

Cherif, vieille connaissance de l’antiterrorisme. Si Saïd n’avait jusqu’alors aucun antécédent judiciaire, Cherif est en revanche une vieille connaissance des services anti-terroristes. Il avait été arrêté en juin 2005 avec un complice alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour la Syrie afin de rejoindre l’Irak et y combattre dans les rangs d’Al-Qaïda, contre les forces américaines.

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Dans cette affaire, dite des "filières irakiennes des Buttes-Chaumont", dans le 19e arrondissement, il a été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Il est donc ressorti libre immédiatement à l’issue de son procès. Son nom est réapparu dans un second dossier en 2010, un projet d’évasion d’un islamiste condamné à perpétuité pour les attentats de 1995 et incarcéré à Clairvaux, dans l’Aube. Son nom était apparu, il avait été mis en examen, mais avait finalement bénéficié d’un non lieu.

Comment ont-ils été identifiés ? Si les enquêteurs sont rapidement remontés jusqu’aux deux frères, c’est parce que la carte d’identité de Saïd a été retrouvée dans la voiture qu’ils ont abandonnée mercredi dans le 19e arrondissement. Cette même carte d’identité a été reconnue par l’automobiliste dont ils ont braqué la voiture dans la foulée, ainsi que par les témoins de la scène. Les deux hommes avaient semble-t-il alors enlevé leur cagoule.

Attentat Charlie Hebdo voiture

© DOMINIQUE FAGET / AFP

Qui est le suspect gardé à vue ? Le troisième suspect s’est quant à lui rendu au commissariat de Charleville-Mézières, mercredi en fin de soirée. Âgé de 18 ans, ce lycéen de terminale S, est en fait le beau-frère de Chérif Kouachi. A priori inconnu des services de police, il pourrait avoir été fiché par les services de renseignements du fait de ses liens par alliance avec les Kouachi.

Son identité avait filtré des mercredi soir sur les réseaux sociaux, et c’est pour cette raison que le jeune homme s'est présenté au commissariat de la ville, au moment même où les policiers prenaient le chemin de son domicile.

Quel est son degré d’implication ? Les premiers éléments de l’enquête et des témoignages notamment recueillis par Europe 1 laissent penser que le lycéen était en cours au moment de l’attentat contre Charlie Hebdo, mercredi midi.

Charlie Hebdo : le suspect entendu était "en...par Europe1fr

Mais s’il n’était pas sur les lieux de la tuerie mercredi, le jeune homme a peut-être participé à d’éventuels repérages ou à la logistique de l’opération. Il restait entendu jeudi matin par les enquêteurs en garde à vue.

Six autres interpellations dans l’entourage. D'autres arrestations ont été réalisées dans l'entourage des suspects. Ainsi, selon nos informations, une seconde personne a été arrêtée à Charleville, tandis qu'un individu a été arrêté à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, et quatre autres à Reims, dans la Marne.

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Chérif et Saïd Kouachi, les deux tireurs présumés, restent quant eux recherchés. Un appel à témoins avec leurs photos a été diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi par la police.

 >> Un numéro vert a été mis en place par la police judiciaire de Paris pour recueillir les témoignages des personnes susceptibles d'avoir croisé la route des suspects. Voici le numéro de l'appel à témoins : 08 05 02 17 17