L’info. Douze personnes ont été exécutées lors de l’effroyable attentat contre Charlie Hebdo, en pleine conférence de rédaction, à Paris. Huit journalistes, un invité, deux policiers, et un agent d’accueil ont trouvé la mort.
CINQ DESSINATEURS. Parmi les huit journalistes et contributeurs de l’hebdomadaire, cinq dessinateurs, piliers de Charlie Hebdo, sont tombés sous les balles de l’attaque perpétrée dans les locaux de la rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris.
Charb. Stéphane Charbonnier, alias Charb, était devenu directeur de publication de l’hebdomadaire satirique en mai 2009. Né en 1967 à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, il avait participé à différentes publications, dont L'Echo des savanes, Télérama, Fluide Glacial ou encore L'Humanité. Depuis l'incendie criminel en novembre 2011 contre Charlie Hebdo, il se savait menacé et vivait sous protection policière permanente. D'après les informations d'Europe 1, il était plus particulièrement visé par le commando. Véritable incarnation de la liberté d’expression et de ton, ce militant de gauche avait déclaré au Monde en 2012 : "Je n'ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux."
>> LIRE AUSSI - Charb, mort d'un épris de liberté
Cabu. Jean Cabut, dit Cabu, né à Châlons-en-Champagne dans la Marne, s’apprêtait à fêter ses 77 ans cette semaine. Dessinateur incontournable de Charlie Hebdo, il avait publié ses premiers dessins à l’âge de 16 ans dans le quotidien local L’Union de Reims. Il reste pour beaucoup le créateur du personnage "Mon beauf", qui fit sa première apparition dans le journal satirique en 1973.
>> LIRE AUSSI - Cabu était l'esprit gratteur de Charlie Hebdo
Honoré. C'est l'auteur du dernier dessin publié mercredi matin, sur le compte Twitter de Charlie Hebdo. Philippe Honoré, dit Honoré, était âgé de 73 ans. Cet autodidacte, qui usait de ses crayons depuis 1992 pour Charlie Hebdo, est décédé mercredi soir des suites de ses blessures.
Meilleurs vœux, au fait. pic.twitter.com/a2JOhqJZJM— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) 7 Janvier 2015
Tignous. Bernard Verlhac, plus connu sous son pseudonyme de caricaturiste, Tignous, était âgé de 47 ans. Ce collaborateur de Charlie Hebdo, passé par L'idiot international, dessinait aussi régulièrement pour l’hebdomadaire Marianne et le magazine de bande dessinée Fluide Glacial. Décrit à Europe 1 par l'un de ses collaborateurs comme un dessinateur "plein de pertinence et d'impertinence à la fois", il possédait un trait de crayon "très simple et très habile" .
>> LIRE AUSSI - Charlie Hebdo : Tignous, dessinateur pertinent et impertinent
Wolinski. Passé par Hara-Kiri où il débuta, le JDD, ou encore L’Humanité et Le Nouvel Observateur, Georges Wolinski était une figure incontournable de la caricature. Né à Tunis en 1934, il a vécu jusqu’à ses 13 ans en Tunisie. Il avait rejoint l'hebdomadaire Charlie Hebdo en 1961, dont il fut rédacteur en chef de 1970 à 1981.
>> LIRE AUSSI - Wolinski : le dessin lui avait "sauvé la vie"
L'économiste Bernard Maris. L’économiste de gauche, qui avait un temps conseillé l’organisation altermondialiste Attac, était l’un des actionnaires de Charlie Hebdo et avait été le directeur adjoint du journal jusqu'en 2008. Natif de Toulouse, cet agrégé d’économie âgé de 68 ans, tenait chronique dans l’hebdomadaire sous la signature d’Oncle Bernard. Chroniqueur sur France Inter, il animait notamment tous les vendredis Le débat économique face à Dominique Seux, économiste à la vision plus libérale.
Elsa Cayat. Seule femme décédée dans l’attentat de mercredi, cette psychiatre et psychanalyste collaborait deux fois par mois à l’hebdomadaire avec sa rubrique intitulée "Charlie Divan". Elle était aussi l’auteur d’essais Le désir et la putain, publié chez Albin Michel, et Un homme + une femme = quoi ?, chez Payot.
Mustapha Ourrad. Il était correcteur pour l'hebdomadaire Charlie Hebdo. Né en Algérie, orphelin, autodidacte, il était arrivé en France à vingt ans, selon le quotidien Le Monde, qui indique qu'il était apprécié pour ses qualités de correcteur, son érudition, mais aussi son sens aigu de l'autodérision.
Un invité, Michel Renaud. Ce Clermontois, ancien directeur de cabinet du maire de la ville auvergnate, était l’invité d’honneur de Cabu pour la conférence de rédaction hebdomadaire durant laquelle s’est déroulée la terrible attaque. Egalement fondateur du festival "Rendez-vous du carnet de voyage", ce journaliste de formation, d’après le quotidien La Montagne, avait débuté sa carrière à Europe 1 et au Figaro. Il était de passage à Paris pour rendre à Cabu les dessins que ce dernier lui avait prêté à l’occasion de la dernière édition de son festival. Il était accompagné de Gérard Gaillard, l'un des organisateurs du festival, mais qui a réussi, lui, à échapper à la fusillade.
DEUX POLICIERS. L’un était chargé de la protection de Charb, tandis que le second, en mission à l’extérieur, a tenté d'arrêter les deux hommes du commando. Ce dernier a été abattu de sang froid, d'une balle dans la tête, alors qu'il se trouvait à terre.
Franck Brinsolaro. Chargé de la protection de Charb, ce Normand appartenait depuis plusieurs années au service de protection des personnalités. Agé de 49 ans, ce père de famille de deux enfants, était marié à une journaliste, la rédactrice en chef du journal L’Eveil Normand,rapporte Le Démocrate vernonnais.
Ahmed Merabet. Cet homme de 42 ans était agent de police au commissariat central du 11e arrondissement de Paris et appartenait à la brigade VTT du quartier. L'homme, qui était représentant du personnel, "laisse derrière lui une compagne", selon le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police, Rocco Contento.
Enfin, Frédéric Boisseau, agent de maintenance présent à l'accueil de Charlie Hebdo, a été exécuté dès l'arrivée des hommes armés dans les locaux. D'après FranceTV Info, cet employé de la Sodexo était marié et père de deux enfants.