Guy-André Kieffer : où en est l’enquête ?

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avec agences , modifié à
Les enquêteurs pensaient avoir découvert son corps, un test ADN a réfuté cette piste.

Sa famille et ses proches espéraient avoir enfin des explications sur le sort de Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien disparu en 2004 en Côte d'Ivoire. Mais les analyses ADN ont douché leurs espoirs : le squelette découvert le 6 janvier à l'ouest d'Abidjan n'est pas le sien. Au terme de huit ans d’enquête, le mystère demeure entier sur le sort de Guy-André Kieffer.

>> Qui dirige l'enquête ?

Le juge d'instruction français Patrick Ramaël est en charge de cette enquête depuis sept ans et multiplie les déplacements en Côte d'Ivoire pour recueillir des éléments et relancer les investigations. C'est en sa présence que le squelette découvert a été exhumé pour procéder à des analyses ADN qui se sont révélées négatives : Guy-André Kieffer est toujours porté disparu.

>> Que demande la famille du disparu ?

Que le squelette retrouvé ne soit pas celui de Guy-André Kieffer "est une déception pour la famille parce que ça ne permettra pas de commencer le deuil", a réagi Me Alexis Gublin, l'avocat de Bernard Kieffer, le frère du disparu. "Si l'ADN avait été celui de Guy-André, cela aurait signifié qu'il était mort. Nous avons cependant ce soir toujours un espoir, même s'il n'y a que 1% de chances qu'il soit toujours en vie", a positivé Osange Silou-Kieffer, l'épouse du journaliste.

Les proches du journalistes souhaitent donc que la justice ne jette pas l'éponge après sept ans d'investigations rendus difficiles par les aléas de la coopération avec les autorités ivoiriennes. "Cela ne remet en rien en cause l'enquête en cours", a ainsi tenu à préciser Me Alexis Gublin, d'autant que les investigations se sont accélérées depuis le changement de régime en Côte d'Ivoire.

>> Y a-t-il un lien avec la filière ivoirienne du cacao ?

Guy-André Kieffer a disparu dans la région d’Abidjan pour des raisons encore inconnues. Mais sa disparition pourrait être liée à l’enquête qu’il menait sur la filière cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. Avec le café, cette matière première constitue la première richesse du pays et de nombreux soupçons pèsent sur des détournements qu’aurait commis le pouvoir sur cette manne financière.

Pour Me Alexis Gublin, cette piste ne fait aucun doute. "Soit on a voulu lui faire peur et les choses se sont mal passées, soit on a purement et simplement voulu le faire disparaître", a-t-il martelé.

>> Quel est le rôle du clan Gbagbo ?

Si les observateurs soupçonnent que la filière cacao-café ait servi de caisse noire aux différents présidents qui se sont succédé à la tête du pays, l’enquête actuelle pointerait directement le clan Gbagbo, au pouvoir jusqu’en avril 2011.

L'enquête du magistrat français chargé de l’affaire s’oriente "au plus proche de l'entourage de Simone Gbagbo", a confié samedi Me Alexis Gublin. Un soupçon renforcé par le fait que Guy-André Kieffer avait rendez-vous  avec le beau-frère de cette dernière, Michel Legré, le jour où il a disparu. Et de l’avis de tous, l’enquête progresse plus vite depuis que la Côte d’Ivoire a changé de président.