Difficile de savoir ce que fait vraiment Marc Francelet dans la vie. Journaliste, paparazzi, attaché de presse, lobbyiste, homme d'affaires, ami des stars... A 65 ans, il a déjà vécu mille vies. Depuis lundi, il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour un chapitre moins glorieux de son existence : il est accusé d'escroquerie et de recel d'abus de biens sociaux.
Des photos volées dès 15 ans
Lors de son son premier coup d'éclat, Marc Francelet n'a que 15 ans. Déguisé en soldat, il escalade un bâtiment du fort de Vincennes et parvient à photographier Johnny Hallyday qui fait son service militaire. Quelques années plus tard, il refait le coup du déguisement et arrive à s'introduire dans le chantier de l'hôtel particulier de la famille Rothschild en face de l'Elysée. Du toit, il prend la toute première photo du général De Gaulle dans la résidence présidentielle.
C'est le début d'une carrière flamboyante, au cours de laquelle il sera alternativement journaliste - il a même dirigé la rédaction de l'hebdomadaire VSD au milieu des années 1980 -, écrivain - dont des entretiens avec Ariel Sharon, jamais publiés -, paparazzi mais aussi ami des stars - parmi lesquelles, Johnny Hallyday, dont il fut homme à tout faire, ou Françoise Sagan, dont il provoqua tout de même la ruine -, ou encore homme d'affaires.
"Marco les bons tuyaux" et la justice
Et des juges d'instruction se sont penchés sur cette dernière casquette de "Marco les bons tuyaux". Après quelques démêlés avec la justice dans les années 70-80, ses ennuis recommencent au début des années 2000 avec l'affaire de corruption en marge du programme pour aider l'Irak "pétrole contre nourriture". Alors qu'il est mis en examen, les juges le placent sur écoute et s'intéressent à ses comptes bancaires.
Ils découvrent alors que Marc Francelet aurait bénéficié des largesses de ses amis du showbiz, parmi lesquels Johnny Hallyday ou Jean-Paul Belmondo. En retour de conseil, d'actions en lobbying ou de publication d'articles complaisants, il aurait touché pas moins de 2 millions d'euros. Reste que ces coups de main ne sont pas toujours très clairs.
Un compte en Suisse fourni et des indemnités Assedic
Mais surtout, Marc Francelet aurait perçu des indemnités de chômage pour plus de 130.000 euros. Il a bien fourni des fiches de paie d'une société spécialisée dans la vente de montres de luxe, qui l'aurait employé avant de devoir le licencier pour cause de liquidation. Mais selon l'accusation, ces fiches sont des faux et les indemnités chômage sont donc indues.
Marc Francelet, qui a effectué deux mois de détention provisoire en 2007, a admis qu'il aurait pu avoir "l'élégance" de ne pas empocher ces indemnités, puisque son compte en Suisse était bien pourvu par ailleurs. Mais il n'a nullement reconnu avoir escroqué les Assedic, assure son avocat.
Victime d'une cabale menée par Sarkozy ?
Pour sa défense, il contre-attaque et accuse le juge ayant instruit son affaire, le célèbre Philippe Courroye. Selon Marc Francelet, le magistrat lui aurait fait payer - à la demande de Nicolas Sarkozy dont il est proche - la publication de photos de Cécilia Attias avec son amant Richard Attias.
Le procès doit durer deux semaines.