Le plan Vigipirate va être prolongé plusieurs mois à son niveau d'alerte actuel, soit au niveau "alerte attentat" en Ile-de-France et dans les Alpes-Maritimes, et "vigilance renforcée" pour le reste du territoire, a annoncé le gouvernement, mercredi. Mis en place depuis deux mois, le dispositif censé assurer la protection des citoyens repose sur la mobilisation quotidienne de milliers de soldats, policiers et gendarmes. Mais combien de temps ces hommes vont-ils encore pouvoir tenir à ce rythme ?
Des risques liés au surmenage. Pour le lieutenant-colonel Jean-Hugues Matelly, qui préside la nouvelle association professionnelle des gendarmes GendXXI, il est impossible de poursuivre dans ces conditions : "Les hommes sont fatigués et cette fatigue s'accumule. Ce n'est pas tenable car tous nos effectifs sont limités", explique-t-il à Europe 1. D'autant plus qu'avec l'usure physique et nerveuse, "le risque, c'est tout simplement le manque de vigilance qui fait que nous ne sommes pas réactifs face à une menace avérée et donc que nous ne sommes pas en mesure de l'arrêter", prévient-il.
"Le moindre loupé peut être dramatique". Pour le militaire, "c'est aussi le risque de l'accident, que quelqu'un finalement se trompe dans ses manœuvres de sécurité avec son armement. Et c'est un risque qui existe. S'il y a un accident ou un coup de fatigue, le moindre loupé peut être dramatique pour nos citoyens", met en garde Jean-Hugues Matelly.
Un dispositif qui n'est pas prévu pour durer. Il faut dire que c'est la première fois en France qu'un tel déploiement est maintenu sur une aussi longue période. En théorie, le niveau "alerte attentat" est un dispositif ponctuel, de courte durée, qui ne se prolonge pas sur le long terme.
Or, le plan Vigipirate repose actuellement sur la présence d'une grande partie des forces mobiles disponibles en France. C'est une mobilisation sans précédent. Tous les jours, ce sont ainsi 4.700 policiers et gendarmes, accompagnés de 10.500 soldats de l'armée, qui sont déployés sur le territoire, notamment pour protéger les 830 "sites sensibles" en France, dont 310, principalement juifs, en Ile-de-France.
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Des pistes pour réduire l'usure. Pour prendre en compte le facteur humain et préserver les forces des hommes, certains comme le lieutenant-colonel Matelly proposent donc de recruter et de former au plus vite des militaires, afin de grossir les rangs des effectifs. De leur côté, les syndicats de police suggèrent plutôt d'externaliser certaines missions en confiant, par exemple, la surveillance de certains sites à des agents de sécurité privée.
Enfin, une dernière piste, qui sera sans doute validée, a été évoquée pour permettre de pérenniser le plan Vigipirate. Il s'agirait d'adapter le déploiement en fonction des lieux à protéger. En accord avec les responsables religieux, certains lieux confessionnels pourraient ainsi être surveillés par de simples rondes lorsqu'ils sont vides plutôt que d'être veillés en permanence par des militaires.
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