"Je n'adhère pas à sa rétractation et je n'entre pas dans son plan". Mardi devant les assises du Rhône, le père de Gabriel Iacono a expliqué pourquoi il ne croyait pas au revirement de son fils. Pendant onze ans, l'enfant, devenu un jeune homme de 24 ans, a accusé son grand-père de viols.
Un autre agresseur, "une porte de sortie". "Je ne veux pas donner l'impression de m'acharner contre mon père et d'être contre mon fils, mais je me demande pourquoi cette rétractation. Je n'y adhère pas", assure Philippe Iacono, 53 ans, appelé à la barre comme témoin.
Philippe #Iacono ouvre la porte du doute "je ne peux pas croire qu'il n'a pas été violé, mais peut être que ce n'est pas mon père"— Noemie Schulz (@noemieschulz) 17 Mars 2015
Longuement questionné, il confie ensuite à la cour avoir "pensé" à deux hypothèses, notamment à celle d'un autre agresseur de son fils. "C'est une porte de sortie", concède-t-il.
"Ça peut être une porte de sortie pour tout le monde et permettre de sortir de l'impasse dans laquelle cette famille est depuis 15 ans"— Noemie Schulz (@noemieschulz) 17 Mars 2015
La position de Philippe Iacono n'est pas facile, rappelle le président Dominique Brejoux : contredire son fils qui s'est rétracté après 11 ans d'accusations constantes, revient à accentuer la distance froide installée avec son propre père. Philippe et Christian Iacono, l'accusé, sont en effet en conflit depuis de nombreuses années. Les deux hommes ne s’adressent plus la parole depuis 1996. Le grand-père, décrit comme véritable patriarche, a une personnalité "charismatique" et "écrasante" qui ne supporte pas la contradiction ou la différence, selon son fils Philippe.
Gabriel "n'a pas envie de voir son papy finir sa vie en prison". Philippe Iacono, dans un discours très élaboré, répète que son fils "n'a pas pu inventer la goutte de sang", évoquée après une présumée sodomie. Ni inventer cette peur que "la goutte tâche son chausson". "Ça ne s'invente pas ça...", insiste ce médecin. S'il ne croit pas à la rétractation, c'est parce que son fils, "et on peut le comprendre", "n'a pas envie de voir son papy finir sa vie en prison".
Avant sa rétractation officielle en mai 2011, Gabriel avait appelé son père, le 14 avril, pour lui dire sa "culpabilité de savoir son grand-père en prison où il était brimé", relate Philippe Iacono. "Il avait aussi envie de reprendre contact avec la famille et j'ai découvert pendant le procès en appel à Aix-en-Provence, deux jours avant le verdict, qu'il rencontrait l'autre partie", affirme le père de Gabriel.
"Je ne suis pas le père décrit par mon fils". Christian Iacono, ex-maire de Vence, dans les Alpes-Maritimes, aujourd'hui âgé de 80 ans, est rejugé depuis lundi, pour la troisième fois pour des viols sur son petit-fils. Ce dernier s'était subitement rétracté en 2011, après 11 ans d’accusations constantes. "Je ne suis pas le père décrit par mon fils et depuis 35 ans je regrette de ne pas avoir de fils avec qui parler", a répondu Christian Iacono, après le témoignage de Philippe. Très attendu, le témoignage de Gabriel Iacono, âgé de 24 ans, doit se tenir mercredi matin.
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