Un procès très attendu. Pour la première fois, les deux pilotes français arrêtés en République Dominicaine en mars 2013 ont pu faire valoir leur défense devant la justice. Après de nombreux reports, leur procès s’est finalement ouvert jeudi. "Ils ont été entendus, c’est une première petite victoire", a estimé l’un de leurs avocats, Jean Reinhart.
Les faits. Les deux hommes avaient été arrêtés à bord d’un avion transportant 682 kilos de cocaïne, contenus dans 25 valises. Mais depuis leur arrestation, Pascal Fauret et Bruno Odos ont toujours affirmé ne pas avoir eu connaissance de cette cargaison.
Dans quelles circonstances ont-ils été arrêtés ? L’arrestation a lieu le 23 mars 2013. Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes, s’apprêtaient à décoller de l’aéroport de Punta Cana, en République Dominicaine, direction Saint-Tropez.
L’avion, un Falcon 50, appartenait à Alain Afflelou. Ce dernier, rapidement mis hors de cause, en déléguait l'exploitation à la Société nouvelle trans-hélicoptère services (SN-THS), située à Lyon.
A bord, deux autres personnes ont également été interpellés. Il s’agit de Nicolas Pisapia et d’Alain Castany,assistant du vol et ancien assureur condamné en 2002 pour abus de confiance au préjudice d'AXA, également détenus République Dominicaine.
Les zones d’ombre. En France, une enquête a été ouverte, déléguée à la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Marseille. La justice s’intéresse à trois allers-retours qu’auraient effectués les deux pilotes, également assisté d’Alain Castany, quelques semaines avant leurs interpellations.
Selon la justice française, les deux hommes ne pouvaient pas ignorer ce qu’ils transportaient. Conséquence, les quatre Français interpellés à Punta Cana ont été mis en examen dans le cadre de la procédure française.
Des soupçons démentis depuis le début par les deux hommes. "Je n’ai rien à voir avec cette affaire", martelait le 14 février Pascal Fauret au micro d’Europe1. Les deux pilotes assurent être victimes d’un vaste trafic de drogue, orchestré à leur insu à bord du Falcon.
Pascal Fauret et Bruno Odos rappellent pour leur défense que leur métier de pilote ne consiste pas à inspecter les valises. "C'est pas du tout dans mes prérogatives. Si je les ouvre, le client peut porter plainte", affirmait Pascal Fauret, interrogé en février par France2.
Ce que confirme le SNPL, principal syndicat des pilotes de lignes, qui soutient depuis le début les deux pilotes. Pour dénoncer "l’emprisonnement arbitraire" de Pascal Fauret et Bruno Odos, le syndicat avait lancé, à destination des pilotes français, un appel à boycotter la République Dominicaine.
Pourquoi la procédure traîne-t-elle ? Après sept reports, le procès des deux pilotes s’est donc ouvert jeudi, et devrait reprendre lundi. "Le président du tribunal a indiqué que malheureusement, il faudrait attendre une quinzaine de jours pour que la décision soit rendue, soit sur leur renvoi devant le tribunal, soit sur leur liberté conditionnelle", a précisé Maître Reinhart, l’un des avocats des pilotes.
Mais la juge peut aussi décider de les renvoyer en prison. Un scénario catastrophe, selon l’épouse de Pascal Fauret ."On est tellement échaudés depuis 14 mois, c’est insupportable", a-t-elle expliqué au micro d’Europe1, assurant que les deux détenus, emprisonnés dans des conditions très rudes, étaient "à bout".
Une lenteur que Maître Reinhart, explique par la sensibilité qui entoure les affaires de stupéfiants en République Dominicaine, et par des problèmes de procédure. "Nous sommes devant une situation gigantesque : c’est le plus gros dossier, paraît-il, présent devant les juridictions de République Dominicaine", a-t-il assuré, interrogé par Europe1.
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