L'affaire résonne encore dans les mythiques escaliers du prestigieux siège de la police judiciaire parisienne, le 36 quai des Orfèvres. C'était dans la nuit du 22 au 23 avril dernier. Après une soirée arrosée passée avec des policiers dans un pub du quartier Saint-Michel, une touriste canadienne de 34 ans avait affirmé avoir été violée par plusieurs fonctionnaires dans les bureaux de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), l'Antigang. Deux policiers ont été mis en examen dans cette affaire, un troisième a été placé sous le statut de témoin assisté. Aujourd'hui, l'enquête suit son cours.
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Et selon les informations d'Europe 1, les juges d'instruction ont la conviction que deux policiers ont filmé et pris des photos de ce qui s'est passé cette nuit-là au "36". Les fonctionnaires nient toujours le viol, mais les expertises de leurs téléphones se révèlent néanmoins très embarrassantes. Les policiers mis en cause dans le dossier ont en fait pris soin de faire le ménage dans leurs téléphones portables respectifs, dès le lendemain des faits.
"C'est une partouzeuse, dépêche !" Ainsi, le premier policier a effacé un SMS envoyé à un de ses collègues alors qu'il était déjà dans les locaux de la BRI en compagnie de la Canadienne. Le message est sans équivoque, explicite : "c'est une partouzeuse, dépêche !". Le second policier, celui qui a reçu ce message, est arrivé au "36" quelques minutes après la réception de ce texto qui ressemble à une invitation. Selon les données de son mobile, il tourne une vidéo dans la foulée de son arrivée. Un petit film qui s'est lui aussi évaporé. Pour expliquer cette disparition, le policier invoque une possible erreur de manipulation.
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Le troisième policier a également fait disparaître une photo et une vidéo prises dans la nuit. Il s'agirait d'après lui de scènes tournées au bar, plus tôt dans la soirée, et qui devaient être "trop floues" pour être conservées. Mais ce n'est pas tout. Son journal d'appels et certains textos datant du soir des faits ont également été effacés. Pour quelle raison ? Le fonctionnaire explique se souvenir d'un dysfonctionnement de son mobile qui pourrait expliquer la perte de ces données.
Deux ADN de policiers retrouvés. Évidement, tous ces éléments ne prouvent aucunement le viol, mais confortent en partie les déclarations de la Canadienne qui se souvenait du clic de déclenchement d'un téléphone, comme si elle avait été prise en photo.
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Les traces ADN de deux des policiers ont également été retrouvées sur les sous-vêtements de la jeune femme. Une troisième empreinte génétique reste pour l'heure non identifiée. La Canadienne avait admis devant les enquêteurs qu'elle avait eu des attouchements avec un inconnu, la veille, dans les jardins du Luxembourg.
Une plaignante rentrée au Canada . De son côté, la jeune femme qui est repartie rapidement au Canada, n'a toujours pas été entendue par les juges. D'après son avocat, elle est toujours dans un état psychologique extrêmement fragile : elle est retournée vivre chez ses parents, ne travaille plus, et bénéficie d'une aide psychologique.
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Les avocats des policiers, qui continuent à nier le viol, demandent que la jeune femme fasse l'objet d'expertises psychologiques. Ils souhaitent également une confrontation avec leurs clients.