Affaire Grégory : France Télévisions condamnée pour diffamation à l'égard de Bernard Laroche

Bernard Laroche
Le tribunal de Versailles a condamné mardi France Télévisions pour "diffamation publique" envers Bernard Laroche © JULIO PELAEZ / AFP
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avec AFP
Le tribunal de Versailles a jugé France Télévisions coupable de "diffamation publique" envers Bernard Laroche. Dans une émission "d'Envoyé spécial" sur l'affaire Gregory, France 2 avait donné la parole à une experte qui désignait l'homme comme l'auteur des lettres de menaces à l'encontre de la famille, sans tenir compte des nombreux autres avis l'innocentant.

Le tribunal de Versailles a condamné mardi France Télévisions pour "diffamation publique" envers Bernard Laroche, au préjudice de sa veuve et de ses enfants, pour l'avoir présenté comme le "corbeau" de l'affaire du petit Grégory dans un reportage diffusé le 6 juin 2018, a appris l'AFP mercredi. Dans ce reportage de l'émission "Envoyé spécial", une experte en écriture désigne Bernard Laroche comme l'auteur des lettres anonymes de menaces adressées aux parents de Grégory Villemin, garçon de 4 ans retrouvé pieds et poings liés le 16 octobre 1984 dans la Vologne, une rivière des Vosges. "J'espère que tu mourras de chagrin, le chef", indiquait la dernière lettre revendiquant l'assassinat de l'enfant.

 

Une seule experte interrogée

Dans sa décision, consultée par l'AFP, le tribunal a estimé que ce reportage "porte nécessairement atteinte à l'honneur et la considération de feu Bernard Laroche", tué le 29 mars 1985 par le père de Grégory Villemin, et ne peut "que nuire" à Marie-Ange Bolle, sa veuve, et Sébastien et Jean-Bernard Laroche, ses enfants. Il pointe aussi "la tournure des phrases employées" par le journaliste et "leur enchaînement", qui "laissent poindre un sentiment de regret au fait que Bernard Laroche n'ait pas été reconnu par la justice comme étant le corbeau".

"Maintenant ca suffit !", a insisté auprès de l'AFP Maître Gérard Weltzer, l'avocat de Marie-Ange Bolle, Sébastien et Jean-Bernard Laroche. "Nous engagerons des poursuites à chaque fois qu'on réécrit l'histoire sur Bernard Laroche. Il n'est pas le corbeau, c'est ce que rappelle le jugement du tribunal de Versailles". Le tribunal a mis en évidence que le reportage ne donnait la parole qu'à une seule experte, et rappelait que ses conclusions avaient été retirées de la procédure pour vice de forme, alors que dans cette affaire, sept experts en écriture ayant analysé les lettres "ont conclu que Bernard Laroche n'en était pas l'auteur".

 

Une affaire revenue sur le devant de la scène

Le tribunal a également souligné que la diffusion du reportage était intervenue à une période où l'affaire avait été "relancée" après la mise en examen de Murielle Bolle, la soeur de Marie-Ange Bolle, en juin 2017. Sa mise en examen avait ensuite été annulée en mai 2018. Il précise qu'au moment de la diffusion, l'affaire était "revenue sur le devant de la scène, sous un angle qui pouvait être défavorable à Marie-Ange Bolle", et que ce reportage était donc de nature à "conforter les soupçons qui pesaient sur elle".

Le tribunal a donc jugé France Télévisions et Delphine Ernotte, en sa qualité de directrice de la publication, coupables de "diffamation publique", et les a condamnés à verser 6.000 euros de dommages et intérêts pour "préjudice moral" à la veuve de Bernard Laroche, et 5.000 euros à chacun de ses deux fils.