Il a foncé au volant de son camion, en zigzagant, sur la Promenade des Anglais après la fin du feu d'artifice du 14-Juillet. L'homme qui a tué au moins 84 personnes à Nice jeudi soir a été "formellement identifié", vendredi matin, grâce à la comparaison de ses empreintes digitales avec l'identité qui figurait sur des papiers à l'intérieur du véhicule : un document professionnel de chauffeur poids-lourd. Il s'agit de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un ressortissant tunisien de 31 ans. Quatre hommes de son entourage, en sus de son ex-épouse, ont été placées en garde à vue vendredi et samedi, selon nos informations.
Mise à jour du samedi 16 juillet : l'Etat islamique a revendiqué l'attaque de Nice, samedi matin, dans un communiqué transmis via son agence de presse Amaq. L'organisation terroriste présente le suspect, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, comme un "soldat".
Bien connu pour des violences... Né près de Sousse, l'homme était titulaire d'une carte de séjour et résidait à Nice. Il était déjà connu de la police pour des affaires de petite délinquance, de violences conjugales, de vol et de violence avec arme. Selon les informations d'Europe 1, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait été condamné une fois par le tribunal correctionnel de Nice à six mois de prison avec sursis, suite à une altercation après un accident de la circulation. Il avait été placé sous contrôle judiciaire en début d'année, mais la mesure avait pris fin en mars.
Mais inconnu des services antiterroristes. En revanche, il était "totalement inconnu" des services de renseignement. Il n'a jamais été fiché pour radicalisation ni fait l'objet du moindre signalement, a indiqué le procureur de la République de Paris François Molins, vendredi en fin de journée, lors d'une conférence de presse. Samedi, une source policière a affirmé que parmi les cinq personnes en garde à vue, certaines avaient évoqué un "basculement récent vers l'islam radical" du Tunisien de 31 ans.
Une radicalisation fulgurante ? D'après le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a parlé samedi matin, d'un "attentat de type nouveau", Mohamed Lahouaiej-Bouhlel "semble s'être radicalisé très rapidement". Le mode opératoire de l'attaque du chauffeur livreur - un camion fonçant sur une foule à vive allure - "correspond très exactement aux appels aux meurtres des ces organisations terroristes, tels qu'elles le prescrivent notamment dans leurs revues ou vidéos", a affirmé le procureur vendredi. L'enquête devra ainsi déterminer si le tueur a "d'éventuels liens avec les organisations criminelles terroristes islamistes", a indiqué François Molins. D'après Le Monde, le tueur de Nice aurait notamment quelques connaissances communes avec le Niçois Omar Diaby, "célèbre" recruteur pour le djihad.
Un pistolet et des armes factices. Dans la cabine du camion, les enquêteurs ont mis la main sur un téléphone portable et divers documents "en cours d'exploitation". Ils ont également découvert une arme à l'intérieur : le pistolet de calibre 7,65 mm avec lequel il a tiré contre les policiers, avant d'être abattu. Le suspect était aussi en possession d'armes factices et d'une "grenade inopérante", qui ont été saisies.
Le camion a été loué auprès d'une société spécialisée dans la location de poids-lourds et d'utilitaires, située dans la zone industrielle de Saint-Laurent-du-Var, à proximité de l'aéroport de Nice. Selon les informations d'Europe 1, c'est Mohamed Lahouaiej-Bouhlel lui-même qui a loué le véhicule.
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Des motivations inconnues, un profil intriguant. Ce père de trois enfants, en instance de divorce, était seul au volant du poids-lourd mais les enquêteurs cherchent à savoir s'il avait ou non des complices. Samedi matin, selon les informations d'Europe 1, quatre personnes, des connaissances du tueur, ont été interpellées à Nice. Vendredi, l'ex-femme du tueur avait déjà été placée en garde à vue. Les policiers cherchent notamment à savoir si un ou plusieurs personnes ont aidé le suspect à se procurer l'arme, dont il s'est servi pour tirer.
D'après nos informations, quatre magistrats du pôle anti-terroriste du parquet de Paris sont arrivés à Nice, vendredi. Ce sont eux qui vont superviser toutes les investigations, confiées à la SDAT (la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire) et à la DGSI (les services de renseignement), pour tenter de percer le mystère de ce profil intriguant, et savoir les raisons qui ont motivé son passage à l'acte, qui répond en tous points aux préconisations meurtrières de l'Etat islamique.