Après l'attentat, le 13 octobre, qui a coûté la vie au professeur de français Dominique Bernard, poignardé devant son collège-lycée par Mohammed Mogouchkov, la mère de ce dernier avait demandé à se constituer partie civile.
Sa demande rejetée, elle a fait appel. En attendant, elle était entendue "comme témoin donc sans avocat", ce que "regrette" son conseil Me Mikaël Benillouche, joint par l'AFP. Son audition, qui a duré près de quatre heures, fait suite aux interrogatoires en novembre de Mohammed Mogouchkov, Russe originaire d'Ingouchie âgé de 20 ans, et de son jeune frère, ainsi que de leur cousin, âgé de 15 ans, en décembre - les trois étant mis en examen.
Une artillerie lourde dans la cave du domicile familial
Depuis le début des investigations, l'entourage de l'assaillant préoccupe les enquêteurs, qui ont retrouvé une réplique airsoft de fusil d'assaut et deux chargeurs, deux katanas (sabres japonais), un pistolet à gaz et un couteau de chasse dans la cave du domicile familial.
Placée en garde à vue dans la foulée de l'attentat, puis relâchée sans poursuite, la mère avait affirmé aux policiers n'avoir jamais vu d'arme chez elle ou sur Mohammed, d'après une synthèse policière datée du 17 octobre dont l'AFP a eu connaissance. Elle avait indiqué avoir découvert quelques jours avant l'attentat un couteau dans la chambre de son jeune fils, et l'avoir caché.
Elle avait aussi confié avoir "divorcé religieusement" de son mari, Yaqoub Mogouchkov, par "goût de la vie moderne" et décrit une "emprise" de son ex-mari sur son fils Mohammed.
Fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021
Fiché S pour radicalisation islamiste, le père avait été expulsé de France en 2018 vers la Russie où il est resté un an. Fin octobre, il déclarait depuis l'Arménie à l'AFP condamner le geste de son fils, en reprochant à son ex-épouse de ne pas avoir "réussi à contrôler les enfants". Mohammed Mogouchkov, qui a prêté allégeance à l'État islamique, était fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021 après un signalement de l'Éducation nationale.
Son frère, âgé de 16 ans et mis en examen notamment pour complicité d'assassinat, avait lui expliqué aux enquêteurs que Mohammed lui avait posé des questions, "quelques semaines avant l'attentat", sur le maniement des couteaux et l'égorgement. Et la veille, Mohammed lui avait annoncé que c'était "la dernière fois" qu'ils se voyaient, lui donnant "rendez-vous dans un monde meilleur".