Ils voulaient "frapper la France" puis rejoindre la Syrie. Trois jeunes hommes, dont un ancien militaire, soupçonnés d'avoir projeté l'attaque d'une installation militaire des Pyrénées-Orientales et la décapitation d'un officier au nom du djihad, vont être présentés dans la journée de vendredi à un juge d'instruction en vue de leur probable mise en examen.
Les trois suspects ont été mis en examen
>> Mise à jour :Dans la nuit de vendredi à samedi, les trois suspects âgés de 17 à 23 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire après avoir été déférés vendredi, devant un juge d'instruction. Ce dernier les a mis en examen du chef d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.
Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme et requis le placement en détention provisoire des trois suspects. Âgés de 17, 19 et 23 ans, les trois hommes entendus par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) ont été interpellés lundi, veille de fête nationale. Pendant leur garde à vue qui a duré près de quatre jours, les trois suspects se sont réclamés de l'organisation de l'État islamique (EI) et ont revendiqué leur engagement djihadiste, selon une source proche du dossier.
Quel est le profil de chaque suspect ? Les suspects sont âgés de 17 à 23 ans. Le plus âgé est un ancien militaire, réformé de la Marine nationale pour raisons de santé, après plusieurs mois d'arrêt maladie. Son contrat avec l'armée s'est achevé le 21 janvier 2014. Selon une source proche du dossier, le jeune homme a pu "nourrir une rancune personnelle contre le chef de détachement".
"Frapper sur place en France". Celui qui est présenté comme le principal instigateur du projet n'est même pas majeur, puisqu'il n'a que 17 ans. Il s'était fait remarquer l'an dernier pour son activisme sur les réseaux sociaux et pour ses liens avec un djihadiste français parti en Syrie. Ce contact djihadiste au sein de l'organisation Etat islamique, lui aurait conseillé, devant ses difficultés à quitter la France pour le proche-orient, "de frapper sur place en France", selon les déclarations du suspect en garde à vue.
En effet, son projet de rejoindre la Syrie avait été signalé aux autorités par un membre proche de sa famille, via le numéro vert mis en place par le ministère de l'Intérieur. L'adolescent avait ainsi été entendu par la DGSI en octobre 2014 lors d'un entretien administratif.
Comment se sont-ils connus ? Arrêtés dans le Nord, les Yvelines et à Marseille, selon la source, les trois hommes sont entrés en contact par Internet, via des applications cryptées. Un billet de train retrouvé chez l'un d'eux accrédite l'hypothèse selon laquelle ils comptaient se rencontrer rapidement. Deux des suspects se seraient rencontrés en janvier dernier, selon les déclarations de l'un d'eux en garde à vue. Le projet d'attentat avait été évoqué à cette période.
Selon une source proche du dossier, les trois hommes se réclament de l'organisation de l'Etat islamique et revendiquent leur engagement djihadiste. Incités par le plus jeune du groupe, les trois hommes souhaitaient d'ailleurs se rendre en Syrie. Se sachant surveillés, ils auraient dès lors renoncé à se rendre sur les terres de l'Etat islamique. Un djihadiste avec qui ils étaient en contact dans ce pays leur aurait alors conseillé de passer à l'action en France.
Quelle était leur objectif ? Grâce à leurs déclarations en garde à vue, les enquêteurs ont appris de manière assez précise ce que les suspects projetaient. Les trois hommes auraient envisagé de tuer pour la fin de l'année des militaires du Fort Béar situé près de Collioure, dans les Pyrénées-Orientales et de décapiter le chef du détachement, de filmer la scène et de la diffuser sur internet. L'exécution de ce projet aurait été envisagée pour la fin d'année, peut-être le 31 décembre 2015. Une fois leur forfait commis, les trois hommes projetaient de se rendre en Syrie.