Les "sans fac" attaquent en justice. Depuis la rentrée, une vingtaine d'étudiants qui n'ont pas été inscrits en Master 2, alors qu'ils ont validé leur année de Master 1, comptent porter plainte. Ces étudiants scolarisés à Orléans, Lyon, Paris, Grenoble, ou encore Rennes, contestent le principe de la sélection faite par les universités, qui, faute de place, leur refuse leur inscription. Selon eux, cet argument n’a aucune base légale.
"Vous n’avez pas le profil". Chaque année, ils sont plusieurs milliers à se retrouver déscolarisé de manière contrainte, au beau milieu de leur cursus. Selon Unef, les disciplines les plus touchées sont le droit et la psychologie. Au fil des années, le syndicat a vu arriver de plus en plus d’étudiants "perdus et un peu paniqués" de n’être inscrit nulle part.
C’est le cas de Paul. Le jeune homme de 21 ans a validé l’an dernier son Master 1 en psychologie, mention assez bien, avec 13,9 de moyenne. Et des retours de stage positifs. Mais Paul a été stoppé net lorsqu'il a appris qu'il ne serait pas inscrit en Master 2 cette rentrée.
"On m’a dit par mail : ‘votre candidature n’a pas été retenue, vous n’avez pas le profil’. Point. C’est déroutant. On se pose vraiment la question sur ses compétences. Même l’estime de soi en prend un gros coup. Tout s’est très bien passé depuis que j’ai commencé ma scolarité. Là, c’est la première année où je ne vais pas à l’université, c’est bizarre", témoignage l’étudiant au micro d’Europe 1. Si bien que certains étudiants font le choix de "s'inscrire par défaut dans un autre Master 2, là où ils sont acceptés", indique William Martinet.
"Aucune base légale". Depuis cette rentrée, quinze étudiants ont pourtant gagné le droit d'être inscrit grâce à un bras de fer judiciaire. Me Florent Verdier mène le combat partout en France, en invoquant l'illégalité de ces sélections. "Très concrètement, ce qu’il se passe c’est qu’il n‘y a pas de base légale suffisante pour faire des sélections. Ce décret n’a jamais été édicté depuis plus de 20 ans aujourd’hui, de peur de se mettre à dos les étudiants", analyse-t-il au micro d’Europe 1.
L’Unef, qui dénonce les facultés qui "font leur marché parmi les étudiants", soutient les étudiants qui font des recours en justice, mais demande au ministère une solution plus globale. Contacté, le ministère se montre embarrassé et se refuse à toute estimation chiffrée pour l'instant. Mais le sujet est suffisamment sensible pour qu'un groupe de travail ait été lancé, avec l'objectif de tout mettre à plat d'ici la rentrée prochaine. Le ministère de l’Education se contente seulement de répéter que toute sélection est illégale.