Des vrais jumeaux arrêtés pour viol, un seul jugé aux assises

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M.-A.B. avec AFP , modifié à
Son frère jumeau partage le même ADN et a fait 10 mois de détention avant d'être disculpé. Yoan Gomis a reconnu les faits à l'ouverture de son procès lundi.

Ils vivaient ensemble, échangeaient leurs vêtements, leurs téléphones, utilisaient la même voiture et avaient un compte Facebook commun. Les jumeaux Gomis, 26 ans, partagent également le même ADN. Une particularité génétique qui leur a valu d'être arrêtés ensemble, chez eux, le 7 février 2013, pour une série de viols et tentatives. Un seul des "vrais jumeaux" comparait pourtant lundi devant la cour d'assisses des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence : l''enquête a permis de disculper Elvin et, a contrario, de mettre en cause Yoan.

Deux frères pour un seul ADN… C'est une affaire qui débute comme un véritable casse-tête scientifique pour les enquêteurs de la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône. En six mois, entre 2012 et 2013, Marseille est le théâtre d'une série d'agressions sexuelles : trois viols, trois tentatives et une agression en six mois, toujours selon le même mode opératoire. Un ADN est finalement isolé mais ne ressort dans aucun des fichiers. Tout s'accélère quand une victime reconnait son agresseur sur des images de vidéosurveillance tournées dans un bus dont le trajet passait non loin du lieu des faits. Problème : quand les enquêteurs "logent" enfin leur suspect, celui-ci se "dédouble". Elvin et Yoan sont jumeaux monozigotes, leurs physiques sont identiques et indissociables. Rien d'étonnant, ils partagent le même profil génétique.

…mais un défaut décisif. Finalement, les deux frères sont interpellés à leur appartement qu'ils partagent dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai, dans le 3e arrondissement de la cité phocéenne. Placés en garde à vue, ils nient les faits à l'unisson. La seule solution qui se présente alors aux enquêteurs est très onéreuse, comme le rapporte le Parisien : une analyse extrêmement poussée de leur ADN dans un labo de pointe, dont le coût est fixé à 100.000 euros. Mais là encore, ce sont les victimes qui font avancer l'enquête. Yoann, atteint d'une surdité partielle de naissance contrairement à son frère, possède un défaut d'élocution. Un zozotement qui fait "tilt" lors des confrontations. Après 10 mois détention préventive, Elvin est libéré et bénéficie d'un non-lieu. Esseulé, Yoan se "met à table". Il avoue être les auteurs des agressions mais en conteste le caractère sexuel.

Finalement, des aveux complets à l'audience. Lundi à l'audience, le président de la Cour Jean-Luc Tournier s'est tourné vers l'accusé en lui demandant s'il reconnaissait les faits. "Je reconnais tous les faits", a répondu Yoan. Fin et musclé, vêtu d'un polo noir, il a confirmé à la demande du président et pour la première fois qu'il reconnaissait également le caractère sexuel des agressions.

Extrait de détention provisoire pour le procès, il s'est présenté sans son appareil auditif fonctionnel en raison d'un problème de pile, ce qui a largement compliqué l'audience. Dès qu'il était interrogé, Yoan regardait intensément le président. Il ressort de l'enquête que le jeune homme lit très bien sur les lèvres. Il a cependant demandé au président de répéter, parfois plusieurs fois. "Je suis désolé d'avoir menti depuis tout ce temps. J'avais honte de moi, je n'arrivais pas à le dire", a-t-il poursuivi, avant d'affirmer ne pas comprendre pourquoi il avait agressé ces femmes. Son frère Elvin, présent dans la salle au début de l'audience, n'a pas pu assister à la suite des débats. Il est cité comme témoin et doit être entendu mercredi.