Rescapés, proches de victimes ou habitants de Brétigny-sur-Orge encore marqués par l'accident se sont recueillis, dimanche, devant la gare à l'issue d'une courte marche silencieuse, en présence notamment de la ministre de la Justice Christiane Taubira, du secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies et du président de la SNCF Guillaume Pépy, qui ne s'est pas exprimé. Au total, au moins 200 personnes étaient réunies pour cette cérémonie en hommage aux victimes de la catastrophe ferroviaire, ayant eu lieu il y a deux ans jour pour jour. Sept personnes avaient trouvé la mort et des dizaines avaient été blessées dans le déraillement de ce Corail Intercités Paris-Limoges.
"Je connaissais un couple, Marc et Geneviève, qui malheureusement sont partis", a témoigné Andrée, une petite dame aux cheveux gris, venue avec deux amies, une rose blanche à la main. "On ne peut pas oublier. Cela revient, c'est ancré là. J'entends encore les hélicoptères qui tournent, les ambulances... Une telle catastrophe, ce n'est pas possible", a-t-elle confié au micro d'Europe 1, encore marquée par le drame.
"Il doit y avoir un avant/après". Au fil du cortège, on pouvait sentir le traumatisme de toute la ville. Des dizaines d'habitants de Brétigny-sur-Orge sont venus se joindre à la marche. Parmi eux, Olivier. Inquiet, il déplore auprès d'Europe 1 que l'ensemble du réseau ferré ne soit pas totalement sûr. "Malheureusement, on est impuissant face à ça. Il n'y a que les pouvoirs publics qui peuvent faire quelque chose. Faire des travaux pour qu'il n'y ait plus de catastrophes comme cela qui se produisent. Qu'en 2015, nous n'ayons pas de voies sécurisées, renouvelées, c'est inadmissible." Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies a pour sa part déclaré : "Il doit y avoir un avant et un après Brétigny et sans préjuger des responsabilités, dans tous les cas, nous avons un effort collectif à faire en matière de maintenance".
La SNCF et Réseau ferré de France mis en examen
En juillet 2013, le déraillement d’un Intercités Paris-Limoges a coûté la vie a sept personnes et fait 32 blessés en gare de Bretigny-sur-Orge, dans l’Essonne. A la suite de ce drame, une enquête a été ouverte et confiée à trois juges d'instruction pour déterminer les causes de l’accident, provoqué par le basculement d'une éclisse, pièce métallique raccordant deux rails.
En septembre 2014, Réseau ferré de France et la SNCF ont été mis en examen pour "homicides et blessures involontaires". Cette mise en examen a permis à la SNCF d'accéder au dossier de l'instruction. En janvier dernier, la compagnie ferroviaire a remis en cause le rapport d'expertise sur l'accident, dénonçant un "manque de sérieux" et "des erreurs", et a demandé une contre-expertise.
Un juge supplémentaire pour instruire... Peu avant cette cérémonie publique, les proches des victimes et les rescapés de la catastrophe du 12 juillet 2013 s'étaient retrouvées en privé, dans l'après-midi, dans un gymnase de la ville. "Il devait y avoir 200 personnes", raconte Marc Nicollin, l'un des participants, qui a perdu un ami dans l'accident. "Le plus émouvant et le plus poignant, c'étaient les témoignages de parents de victimes. Ils attendent justice", a-t-il ajouté, précisant que Christiane Taubira s'était engagée devant eux "à ce que la justice soit faite le plus rapidement possible". La garde des Sceaux, qui ne s'est pas exprimée sur l'enquête, a simplement rappelé qu'elle avait renforcé le pôle d'instruction du tribunal de grande instance d'Evry, en charge de la procédure, avec la nomination pour septembre d'un juge en plus.
... Une enquête freinée par le manque de moyens. "Le parquet recevra aussi trois magistrats supplémentaires", a-t-elle ajouté, soulignant que "les postes de greffiers vacants" allaient également être comblés. Dans un courrier adressé au procureur en début d'année, les juges en charge de l'enquête avaient proposé que celle-ci soit transmise au pôle spécialisé en matière d'accidents collectifs au tribunal de grande instance de Paris, regrettant notamment un manque de moyens humains. Le procureur de la République d'Evry avait refusé, arguant que si l'enquête avait été transférée à Paris, "il y aurait eu une perte de connaissance du dossier".
>> Louis, âgé d'une quarantaine d'années, a été grièvement blessé dans ce drame ferroviaire. Retrouvez son témoignage :
Deux ans après Brétigny : "Pas un jour où je ne...par Europe1fr