Des suspects sont "en cours d'identification" après la rixe au cours de laquelle Thomas, un adolescent de 16 ans, a été tué samedi soir, devant la salle des fêtes de Crépol (Drôme). Les 10 ou 15 jeunes assaillants qui ont provoqué une bagarre générale et s'en sont pris à plusieurs participants du bal, pourraient venir majoritairement du quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, situé à vingt minutes du petit village. Un quartier sensible, très connu dans la région, pour ses problèmes de délinquance et d'insécurité, sur fond de trafic de drogue.
"Les jeunes ont un peu l'impression qu'ils ont la voie libre"
"Les enquêteurs procèdent très vite, laissant espérer une évolution opérationnelle rapide", a précisé Laurent de Caigny, le procureur de Valence, dans ce communiqué. Une cinquantaine de témoins ont été déjà entendus par les gendarmes, autant doivent encore l'être, des analyses des connexions aux relais téléphoniques et des images des systèmes de vidéosurveillance sont en cours pour recueillir des éléments concordants sur les suspects possibles, selon la même source.
Le quartier de la Monnaie, est la hantise des policiers drômois. On est pourtant dans une petite ville. Romans-sur-Isère c'est 33.000 habitants. Malgré tout, il y a plus de délinquance ici qu'à Valence, sa voisine deux fois plus grande, explique Christophe Alex, du syndicat SGP Police de la Drôme. "C'est bien souvent Romans qui nous pose des problèmes plus que Valence. Des jeunes commettent pas mal de violences urbaines, ils ont un peu l'impression qu'ils ont la voie libre… Pour nos collègues, c'est parfois compliqué de rentrer dans ce quartier", explique-t-il.
"Ce qui me fait rester là, c'est le prix du loyer !"
Un constat désolant confirmé par Catherine qui habite à la Monnaie depuis dix ans. "On n'est pas tranquille… Il y a quatre mois, pendant les émeutes, tout a été détruit, les toits et les poubelles brûlés… Il y a de la drogue partout. Moi, ce qui me fait rester là, c'est le prix du loyer ! Sinon je n'ai aucune raison de rester là, c'est trop dangereux, ça fait peur" lance-t-elle au micro d'Europe 1. "Plus personne ne vient ici", ajoute Catherine, "ni les policiers ni les politiques". Pourtant, ce quartier était encore le symbole d'une certaine mixité sociale il y a 40 ans.
Si le quartier de la Monnaie est au cœur des hypothèses des enquêteurs, il est "faux d'affirmer que le groupe hostile serait composé d'individus tous originaires de la même ville et du même quartier", a souligné le procureur lundi soir.