Après s’être entretenu plus de quatre heures avec les familles des victimes venues "d'Espagne, d'Allemagne, Venezuela, Colombie, Maroc et d'autres pays", Brice Robin a annoncé jeudi lors d'une conférence de presse l'ouverture d'une information judiciaire après le crash de l'A320 de la Germanwings, le 24 mars dernier. Le procureur de Marseille a précisé que cette information judiciaire contre X pour homicides involontaires serait ouverte la semaine prochaine. "Le droit pénal français m'interdit d'ouvrir une information judiciaire pour assassinat puisque l'auteur est décédé", a-t-il expliqué, faisant référence au copilote Andreas Lubitz, suspect numéro 1 dans l'affaire.
Le suicide d'Andreas Lubitz
L'Airbus A320 assurant le vol 9525 entre Barcelone et Düsseldorf s'est écrasé le 24 mars dans une zone montagneuse très difficile d'accès. Selon les enquêteurs, l'appareil a été précipité au sol par son copilote allemand, Andreas Lubitz, qui avait souffert dans le passé de graves troubles psychologiques.
Trois juges du pôle accident collectif mobilisés. Cette enquête sur l'accident de l'avion de la Germanwings va être confiée à trois juges d'instruction qui se pencheront sur la détection de l'état de santé mentale du copilote, a rapporté l'un des participants de la rencontre entre Brice Robin et les familles de victimes ayant eu lieu en amont. L'instruction cherchera à déterminer l'existence ou non "de fautes ou de manquements dans la détection de l'état de santé de Lubitz par la compagnie Lufthansa", maison-mère de la compagnie low-cost Germanwings, a ainsi précisé Stéphane Gicquel, président de la Fenvac, la fédération des victimes d'accidents collectifs.
41 médecins consultés par Lubitz.Lors de sa conférence de presse, le procureur de Marseille a également donné des détails sur l'état de santé d'Andreas Lubitz. Le copilote de l'A320 de la Germanwings a vu "41 médecins en cinq ans", dont sept dans le mois précédant le crash, a ainsi indiqué Brice Robin. Le copilote, "soucieux de sa santé et [qui] avait une crainte de perdre la vue" souffrait d'une grave dépression, d'une "psychose accompagnée de troubles de la vue sans résultats organiques", a expliqué le magistrat.
Une sépulture collective près du lieu du crash. D'autre part, Brice Robin a annoncé la création d'une "sépulture collective" afin que les fragments humains non identifiables des victimes du crash y soient inhumés. "Tout ce qui a été anatomiquement identifiable est passé dans la chaîne d'identification. L'autorité publique a décidé d'une sépulture collective au Vernet pour les fragments humains non identifiables", a-t-il déclaré. Ce lieu de recueillement sera mis en place dans la ville du Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à quelques kilomètres de la zone de l'accident, a ensuite indiqué le magistrat.
Le colonel François Daoust, directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale a, quant à lui, expliqué que l'identification des corps s'était faite en plusieurs temps : prélèvement sur les lieux de la catastrophe, recueil de données auprès des familles, analyses et comparaisons avec données ante-mortem.
Un rapatriement des corps ayant pris du retard. "Dès lundi prochain, 30 victimes espagnoles retrouveront leur terre natale", a ajouté Brice Robin, selon qui "d'ici la fin du mois, la société Germanwings sera en mesure de restituer l'ensemble des corps". Près de trois mois après la tragédie qui a fait 150 morts, seuls les corps de 44 victimes allemandes ont été transférés outre-Rhin, par un vol spécial de la Lufthansa mardi.
Mercredi, la Lufthansa a annoncé qu'un deuxième vol devait transférer une trentaine de dépouilles de Marseille à Barcelone le 15 juin et les rapatriements dans les 18 pays d'origine des victimes être "achevés à la fin juin". Lors de cette rencontre avec le procureur Brice Robin, certains proches des victimes souhaitaient notamment faire part de leur colère face au retard pris dans le rapatriement des dépouilles dans leur pays.