Une société de transport girondine a été condamnée à 50.000 euros d'amende pour blessures involontaires après la tentative de suicide d'une salariée qui dénonçait des faits de harcèlement sexuel, a-t-on appris vendredi de son avocate. Le tribunal correctionnel de Bordeaux a estimé que l'entreprise Veynat, qui emploie plus de 800 chauffeurs, n'avait pas rempli ses obligations de prudence ou de sécurité en ne mettant pas en place les dispositions requises en matière de prévention et d'accompagnement des victimes.
"Un climat extrêmement sexualisé et hyper harcelant"
"Une première dans ce type de dossier, qui pourrait faire jurisprudence", s'est félicitée Me Marion Stephan, avocate de la plaignante trentenaire, confirmant une information du journal Sud Ouest. En 2021, la salariée avait dénoncé auprès des ressources humaines des agissements relevant du harcèlement sexuel aggravé pour lesquels deux cadres ont parallèlement été condamnés à huit et douze mois de prison avec sursis.
Regards sous les jupes dans l'escalier, catalogue de "filles baisables", jets de trombones dans le décolleté, toucher de poitrines et mains dans les cheveux, grognements suggestifs et propos graveleux, vidéo de masturbation dans les toilettes... Me Stephan dénonce un "climat extrêmement sexualisé et hyper harcelant, où toutes les femmes étaient considérées comme de potentielles cibles". Faute de soutien hiérarchique et "totalement mise au ban", selon elle, sa cliente a sombré dans la dépression, jusqu'à une tentative de suicide pour laquelle elle a été hospitalisée pendant un mois en 2022.
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Également poursuivi pour blessures involontaires, le PDG de la société a été relaxé. "Le tribunal reconnaît l'innocence du dirigeant de la société Veynat. Comme nous l'affirmons depuis le premier jour, Veynat n'est pas une entreprise sexiste et nous n'avons aucune tolérance au sexisme", a réagi l'entreprise, assurant que sa direction "a toujours été intraitable avec ce type de comportement et continuera de l'être".
"La société a quant à elle été condamnée pour des faits involontaires liés à des obligations formelles. Nous avons d'ores et déjà interjeté appel de cette condamnation injuste et incompréhensible, qui ne reflète pas la réalité des mesures que nous prenons depuis des années pour lutter contre le harcèlement et protéger nos salariés", a-t-elle ajouté. Deux autres cadres de l'entreprise sont poursuivis pour agressions sexuelles, notamment sur une femme de ménage, dans une procédure disjointe.