L'incendie d'un gîte de vacances pour handicapés mentaux légers a fait 11 morts mercredi à l'aube près de Colmar, après un "embrasement généralisé" qui a dévasté les étages du bâtiment. Un dernier bilan confirmé par la vice-procureure du parquet Nathalie Kielwasser, qui se révèle être le plus meurtrier en France depuis sept ans. "L'origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé", a-t-elle précisé, sans qu'il soit possible "à ce stade" de déterminer "les causes de ce feu couvant".
Neuf corps sans vie avaient d'abord été repérés par un drone, par recherche directe et par des chiens, avait indiqué à l'AFP le lieutenant colonel Philippe Hauwiller, commandant de l'opération de secours.
Les principales informations
- Une structure accueillant des personnes handicapées a pris feu ce mercredi matin à Wintzenheim en Alsace
- Les 11 personnes disparues sont mortes, confirme le parquet
- Elisabeth Borne et Aurore Bergé se rendent sur place
- Emmanuel Macron a adressé ses pensées "aux victimes, aux blessés et à leurs proches"
"On entendait des craquements, des tuiles tomber"
Réveillée au petit matin par le vacarme de l'incendie, Nathalie réside tout près du gîte qui a pris feu ce mercredi matin à Wintzenheim. Au micro d'Europe 1, elle raconte le déroulé du sinistre. "J'ai vu tous les véhicules de secours ainsi qu'un gros panache de fumée. Je me suis déplacée dans le jardin et je voyais le toit embrasé avec les flammes. Toute la longueur de la bâtisse était en flamme, on entendait des craquements, des tuiles tomber ", décrit-elle.
Un drame qui a tout particulièrement ébranlé cette riveraine. "Je suis éducatrice spécialisée, je travaille avec des personnes adultes handicapés, donc c'est vraiment la même population. Ça fait un petit quelque chose", confie-t-elle.
Les pompiers pensent avoir "localisé les 11 personnes"
C'est en tout cas ce qu'a affirmé l'un des responsables des pompiers du Haut-Rhin à Élisabeth Borne, peu après l'arrivée de la Première ministre sur place.
Elisabeth Borne est arrivée sur place
La Première ministre Élisabeth Borne est arrivée à Wintzenheim où s'est produit le sinistre. Accompagnée de la nouvelle ministre des Solidarités, Aurore Bergé, elle s'est entretenue avec les sapeurs pompiers.
Deux personnes toujours recherchées
"On a localisé neuf corps et on en cherche encore deux", a-t-il précisé. Les pompiers ont été alertés vers 6h30 pour ce bâtiment situé au lieu dit La Forge, un hameau entouré de collines vertes. "On a été réveillés par notre fils très tôt. En sortant, on a vu un panache de fumée énorme", a témoigné à l'AFP une voisine, Solange Halter, 61 ans. Florine, une voisine de 23 ans qui ne veut pas donner son nom de famille, raconte avoir vu "un gros nuage de fumée, de grosses flammes".
"De plus en plus de camions de pompiers sont arrivés, la rue a été bloquée, beaucoup de gens s'arrêtaient pour regarder", a-t-elle témoigné. "Face à cette tragédie, mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à leurs proches", a écrit le président Emmanuel Macron sur le réseau social X (ex-Twitter), tandis que la Première ministre Elisabeth Borne est attendue sur place.
À Wintzenheim les flammes ont ravagé un gîte qui accueillait des personnes en situation de handicap et leurs accompagnateurs. Face à cette tragédie, mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à leurs proches. Merci à nos forces de sécurité et nos services de secours mobilisés.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 9, 2023
17 personnes évacuées
Le gîte, qui accueillait des adultes souffrant d'un léger handicap mental, était loué par une association de Nancy du nom d'Oxygène vacances adaptées, selon la mairie de la cité lorraine. Le secrétaire général de la préfecture du Haut-Rhin, Christophe Marot, a précisé que 28 personnes se trouvaient sur place au moment du sinistre et que seules 17 d'entre elles ont été évacuées. Les personnes présentes au rez-de-chaussée ont pu rapidement quitter les lieux mais pas celles qui se trouvaient à l'étage, a-t-il dit.
"L'incendie a été rapidement maîtrisé en dépit de la violence des flammes", a annoncé dans un communiqué la préfecture du Haut-Rhin. "On dénombre une personne en urgence relative évacuée vers l'hôpital et une personne choquée". Le bâtiment à colombages de style alsacien a été le théâtre d'un "embrasement généralisé", selon les pompiers. C'est la propriétaire du gîte, habitant à proximité, qui a donné l'alerte à 6h33. Les pompiers sont arrivés sur place à 6h45, selon Christophe Marot.
Des occupants surpris en plein sommeil
L'adjoint au maire, Daniel Leroy, arrivé sur place vers 7h00, a rapporté qu'il "n'y avait déjà plus rien". "Le bâtiment était entièrement consumé dans sa partie haute, la toiture était complètement effondrée", a-t-il dit. Selon lui, les occupants ont été "surpris en plein sommeil, tout le monde dormait". Le gîte, qui se trouve sur un terrain fermé avec plusieurs bâtiments, "fonctionne depuis plusieurs années sans problème", a-t-il remarqué.
En fin de matinée, les pompiers continuaient à arroser le sinistre à l'aide de lances à incendie, a constaté une équipe de l'AFP. Le toit a été détruit par les flammes et au premier étage, l'armature en bois, carbonisée, est visible. D'autres pompiers déblayent le sinistre d'où s'échappe encore de la fumée. Une équipe de recherche avec des chiens est présente à proximité.
Les personnes manquantes sont un encadrant et dix adultes handicapés mentaux légers, a précisé Christophe Marot, disant n'avoir "aucun élément" sur les causes du sinistre. Une enquête judiciaire a été confiée à la vice-procureure de la République de Colmar, Nathalie Kielwasser, a-t-il dit.
Dès l'alerte, le Codis (centre opérationnel départemental des services d'incendie et de secours) a déployé 76 sapeurs-pompiers, quatre fourgons incendie, quatre ambulances, un poste médical avancé et trois échelles pour circonscrire l'incendie et assurer la prise en charge des victimes, a spécifié la préfecture. Quarante militaires de la gendarmerie sont également mobilisés. Le bâtiment est une ancienne grange rénovée en gîte de 500 m2 avec deux étages et des combles, selon les pompiers.