Coronavirus : tentative d’escroquerie contre le leader français des masques

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Guillaume Biet , modifié à
Deux Françaises ont été arrêtées en Israël. Elles sont soupçonnées d’avoir tenté de détourner des prises de commandes destinées à la PME Kolmi-Hopen où s’était rendu Emmanuel Macron le 31 mars.

La tentative d’escroquerie a été déjouée en quelques jours par les enquêteurs de la police judiciaire, en collaboration avec leurs homologues israéliens. Deux suspectes, une mère de 69 ans et sa fille de 36 ans, ont été interpellées à Netanya et placées en garde à vue. Elles sont soupçonnées d’avoir voulu détourner des commandes adressées au leader français de la production de masques de protection, selon les informations recueillies par Europe 1.

Ce sont les responsables de la PME Kolmi-Hopen qui ont eux-mêmes tiré la sonnette d’alarme lorsqu’ils ont flairé l’arnaque. Depuis quelques jours, des inconnues usurpaient le nom de leur entreprise pour contacter des clients et engranger des commandes de masques. Pour cela, elles utilisaient l’adresse électronique "marketing@kolmi-hoppen.com", proche à une lettre près du nom de l’entreprise implantée à Saint-Barthélémy-d'Anjou, près d’Angers.

Nom de domaine frauduleux acheté le 6 avril

Les policiers du SRPJ d’Angers ont alors procédé aux premières investigations. D’après les informations d’Europe 1, ils ont découvert que ce nom de domaine frauduleux avait été acheté le 6 avril et que la ligne téléphonique mise en place par les suspectes avait été souscrite depuis Israël.

Les deux femmes ont aussi démarché des clients en se faisant passer pour une autre société spécialiste dans la fabrication de masques, l'entreprise Paul Boyé Technologies installée à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne). Les policiers du SRPJ de Toulouse ont également été mobilisés sur cette enquête. "Dans ce dossier, les victimes démarchées ont recontacté par mail les vraies sociétés", précise le commissaire Julien Bataille, chef adjoint de l’office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), à la direction centrale de la police judiciaire.

Les magistrats de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes ont donc accéléré l’enquête et co-saisi l’OCRGDF à la direction centrale de la police judiciaire, un service expert dans la lutte contre ce type d’escroquerie. Grâce à une coopération internationale avec les autorités et la police israélienne, deux femmes ont été interpellées mardi dans l’Etat hébreu, dans un appartement situé à Netanya. Inconnues des services de police, elles ont nié les faits, selon les informations recueillies par Europe 1. Elles devaient être présentées à un magistrat israélien jeudi soir.

Elles ciblaient également des particuliers

Ces arnaqueuses présumées sont soupçonnées d’avoir profité de la notoriété de la société pour usurper son nom et encaisser des virements pour des commandes de masques qui n’auraient jamais été honorées. La PME Kolmi-Hopen, qui fabrique 24h/24 et 7j/7 plus de 700.000 masques par jour, a été mise sous le feu des projecteurs le 31 mars lorsque le président de la République Emmanuel Macron s’y est rendu en visite.

En pleine polémique sur la disponibilité des masques de protection contre le coronavirus, le chef de l’Etat y avait notamment appelé à "produire davantage en France". L’enquête a par ailleurs démontré que les deux suspectes auraient aussi ciblé des particuliers en se faisant passer pour la direction générale des finances publiques afin de se faire payer des arriérés d’impôts.

Le secteur médical particulièrement visé en ce moment

Dans ce contexte de crise sanitaire autour du Covid-19, cette affaire n’est pas la première en la matière. Ces dernières semaines, les malfaiteurs spécialistes de ce type d’escroquerie visant les grandes firmes ont recentré leurs attaques sur les entreprises du secteur médical, hôpitaux, Ehpad, pharmacies, selon les enquêteurs de l’OCRGDF, qui incitent à la plus grande prudence et recommandent avant de passer toute commande de s'assurer qu'il s'agit bien du vrai fournisseur en le rappelant avec les coordonnées habituelles. 

Selon la cheffe de l’office, la commissaire Anne-Sophie Coulbois, "il ne faut pas utiliser les coordonnées qui sont données par l’escroc même si cela peut être compliqué en ce moment avec le travail à domicile. Il ne faut pas non plus se précipiter, même si la notion d’urgence est bien là, ne pas hésiter à en parler à un collègue pour échanger avec lui sur le caractère frauduleux ou non de la commande". Enfin, la patronne de l'OCRGDF incite également les victimes à porter plainte et à "contacter (leur) banque pour essayer de rapatrier les fonds".