Jamel Leulmi, coupable d'avoir tué sa femme et d'avoir tenté d'assassiner une autre compagne pour toucher des millions d'euros en assurance-vie, a été condamné vendredi en appel à Paris à trente années de réclusion criminelle.
Soulagement des victimes. La cour d'appel a confirmé la peine prononcée lors du premier procès de Leulmi, qui a toujours clamé son innocence, et l'a assortie d'une période de sûreté de 18 ans. A l'énoncé du verdict, trois femmes sont tombées dans les bras les unes des autres, sanglotant et riant à la fois : la mère de la première victime, Kathlyn Vasseur, la deuxième victime Julie Derouette, et une dernière conquête de ce playboy adepte de culturisme, Karine T. Ces trois femmes ont en commun d'avoir, après quelques mois de liaison passionnée avec l'ancien professeur en lycée professionnel, souscrit en sa faveur des contrats d'assurance-vie pour des montants mirobolants.
Un prédateur "manipulateur et cupide". L'avocat général, qui avait requis la perpétuité pour un "être manipulateur et cupide", avait calculé que si ces trois femmes avaient trouvé la mort dans un accident, Jamel Leulmi aurait touché plus de dix millions d'euros. L'accusé avait effectivement touché un million d'euros après la mort de Kathlyn Vasseur, décédée en 2007 après deux mois de mariage des suites d'un accident au cours d'une promenade en vélo, dans des circonstances restées troubles. Des témoins ont raconté avoir trouvé Jamel Leulmi, décrit par des experts psychiatres comme un prédateur qui considère les femmes comme sa "nourriture", couché de tout son long sur sa femme, dans un fossé au bord de la route.
Des enquêtes douteuses, selon la défense. Julie Derouette a elle survécu, avec de lourdes séquelles, à un accident de la route et à une agression en 2009 au Maroc, en pleine nuit, sur une route déserte, là encore sans que l'enquête ne fasse la lumière sur les faits. Jamel Leulmi avait ensuite eu une liaison avec Karine T., jeune femme rencontrée dans un club échangiste, décrite comme quasi illettrée. La défense avait plaidé l'acquittement, soulignant que les enquêtes, très imparfaites, n'avaient pas permis de trouver des preuves irréfutables de culpabilité, et que dans ce contexte, le doute devait profiter à l'accusé. Les conseils de Leulmi avaient aussi mis en doute la fiabilité des témoignages des deux victimes survivantes.