Trois joueurs de l'AS Bellecour Perrache, âgés de 15 ans, ont été suspendus 20 ans après avoir agressé un arbitre du même âge à la fin d'un match de District 2. Le président du club, aussi éducateur de l'équipe, a été suspendu deux ans et l’équipe U15 D2 de l’AS Bellecour a été mise hors compétition.
Plusieurs menaces de mort reçues
"J'étais désespéré, je savais que ça allait mal finir." Jamais Adam, ce jeune arbitre de 15 ans, n'a pensé se faire agresser. Mais le 9 mars dernier, la tension monte d'un cran à la 2e mi-temps lors du match qui oppose l’AS Bellecour Perrache au club de Pont-de-Chéruy en Départemental 2, de la catégorie U15 du District du Rhône et de Lyon. Adam sanctionne les joueurs lyonnais d'un carton rouge et de plusieurs jaunes.
"Je me suis dit 'c'est peut-être fini pour moi'"
L'équipe adverse égalise. Pour les Lyonnais, le coupable est Adam. Ils veulent alors en découdre et commencent à le menacer jusque dans les vestiaires puis l'attendent à la sortie, devant le stade. "J’ai vu un joueur de l’équipe adverse qui a averti ses coéquipiers. Ils se sont tous regroupés derrière moi et ils ont continué à me menacer."
Inquiets, des parents de l’équipe adverse de Pont-de-Chéruy accompagnent alors l’arbitre de 15 ans à son arrêt de tram pour rentrer chez lui. Mais quelques minutes plus tard, Adam est retrouvé et poursuivi. "Ils ont commencé à m'encercler. J'ai reçu plusieurs menaces de mort. J’ai été plaqué contre le mur. J'ai reçu des coups de poing, des coups de pied, des coups de coude... Je me suis dit 'c'est peut-être fini pour moi'. J'étais devant 30 personnes, je ne savais pas si j'allais m'en sortir ou pas. Autour de moi, aucun passant ne réagissait", se souvient-il.
"J'ai toujours cette peur avant d'aller à chacun de mes matchs"
L'adolescent réussit finalement à s'échapper et se réfugier dans une boulangerie à proximité, aidé par le personnel qui le met en sécurité dans une salle à l’intérieur. Aujourd'hui, malgré l'angoisse et la peur toujours présentes, il est retourné arbitrer. "J’ai toujours cette peur avant d’aller à chacun de mes matchs. Heureusement que l’UNAF, la protection des arbitres m’accompagne. Grâce à eux, je vais mieux. Pour moi, c'est important de continuer pour montrer qu'ils avaient tort de faire ça. Ça rend juste plus fort", confie-t-il.
Mais le jeune garçon n’arrive plus à retourner sur les lieux de l’agression. "Je suis très atteint psychologiquement. Je pense toujours à ce qu’il s’est passé, je m’imagine toujours des scénarios. Je n’arrive plus à me rendre à Bellecour ou à Perrache, là où a eu lieu mon agression."
Depuis, ses parents l'accompagnent à chaque match. Adam a eu cinq jours d'ITT. Une plainte pour agression envers personne chargée de mission publique a été déposée.