Nouveau revers judiciaire pour Lafarge : la cour d'appel de Paris a confirmé ce mercredi la mise en examen du groupe cimentier pour "complicité de crimes contre l'humanité" concernant ses activités jusqu'en 2014 en Syrie, à la satisfaction des parties civiles. Ces dernières reprochent au géant tricolore d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes terroristes, dont l'organisation Etat islamique (EI), afin d'assurer la poursuite de ses activités. L'enquête a évalué que ces versements pourraient avoir atteint entre 4,8 et 10 millions d'euros pour le seul groupe EI.
Au terme d'un pourvoi en cassation, la cour d'appel de Paris a finalement décidé de maintenir les charges à l'encontre du cimentier parmi lesquelles figurent également la "mise en danger de la vie d'autrui". La plus grande juridiction d'appel de France a donc suivi sur ce point les réquisitions du parquet général. En 2019, la chambre de l'instruction parisienne avait accédé à la première demande du groupe, estimant que la seule intention du groupe était "la poursuite de l'activité de la cimenterie"
"C'est un pas de plus contre l'impunité"
Une représentante de l'association ECCHR (European Center for Constitutional and Human Rights), dont le statut de partie civile dans ce dossier a été confirmé par la cour d'appel mercredi, a salué auprès de la presse "une décision emblématique". "C'est un pas de plus contre l'impunité des auteurs des pires crimes d'acteurs économiques : aujourd'hui, il n'est plus possible de se cacher derrière le petit doigt de l'ignorance organisée", a applaudi Me Joseph Breham, avocat d'une centaine d'ex-salariés syriens.
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Me Arié Alimi, avocat de la Ligue des droits de l'homme (LDH) a également réagi. "Il faut désormais faire la lumière sur les responsabilités et le degré de connaissance de cette complicité de crime contre l'humanité des acteurs publics "Dans ce dossier, huit cadres et dirigeants, dont l'ex-PDG de Lafarge Bruno Lafont, mais aussi un intermédiaire syro-canadien ou un ex-gestionnaire des risques jordanien sont mis en examen.