Procès des otages en Syrie : la perpétuité requise pour que soit «oublié» le «sociopathe» Mehdi Nemmouche
Lors du procès des ex-otages du groupe Etat islamique en Syrie, l'accusation a requis mercredi la réclusion criminelle à perpétuité contre Mehdi Nemmouche, accusé d'être leur geôlier. Lui avait juré n'avoir été que "combattant" de l'organisation terroriste.
Sans surprise, l'accusation a requis mercredi à Paris au procès des ex-otages du groupe Etat islamique (EI) en Syrie la réclusion criminelle à perpétuité contre Mehdi Nemmouche, ce "véritable sociopathe dénué de toute empathie" méritant une peine "qui protège définitivement la société".
"L'un des jihadistes les plus cruels de ces dix dernières années"
"Face à ce criminel sans état d'âme, cet homme refusant de reconnaître contre l'évidence" son implication, "vous savez qu'il n'existe aucune lueur d'espoir", a déclaré l'avocat général Benjamin Chambre.
Les deux représentants du parquet antiterroriste avaient laissé peu de doute pendant ces huit heures de réquisitions sur la peine qu'ils réclameraient contre celui qu'ils ont défini comme l'"un des jihadistes les plus pervers et les plus cruels de ces dix dernières années", parmi les "plus dangereux" de France. Ils ont demandé que la peine soit assortie de la période de sûreté maximale de 22 ans, pendant laquelle il ne pourra pas demander de libération anticipée.
Mehdi Nemmouche, qui jure n'avoir été que "combattant" de l'EI mais "jamais" geôlier, est "doté d'une véritable intelligence" doublée d'"une absence totale d'empathie et de remords", martèle pendant les réquisitions Benjamin Chambre. Face à lui, l'accusé de 39 ans, pull gris, cheveux noirs et rasé de près, écoute, tranquillement accoudé au box.
Les journalistes Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres avait reconnu la photo et surtout la voix de leur bourreau, après l'attentat en mai 2014 du musée juif de Bruxelles, où il avait abattu quatre personnes. Eux avaient été libérés un mois plus tôt, après près d'un an dans les geôles de l'EI.
D'autres demandes de perpétuité
A l'audience encore, ils ont été "formels", martèle l'avocat général : Mehdi Nemmouche est "sans l'ombre d'un doute" ce geôlier trop bavard qui leur disait "vous viendrez témoigner à mon procès", ce fan de l'émission "Faites entrer l'accusé" qui leur chantait du Charles Aznavour.
L'accusation a aussi été convaincue que son coaccusé Abdelmalek Tanem, 35 ans, "moins mégalomane que Mehdi Nemmouche" et que les ex-otages n'avaient "pas reconnu", faisait pourtant bien partie de "la petite dizaine" de geôliers francophones, et a requis à son encontre 30 ans de prison.
Elle a également demandé la perpétuité contre deux accusés présumés morts : Oussama Atar, déjà condamné à la perpétuité pour avoir commandité les attentats du 13-Novembre, qui "supervisait personnellement la gestion des otages", et Salim Benghalem, l'un des chefs des geôliers. Enfin, une peine de 20 ans (le maximum dans son cas) a été réclamée à l'encontre du Syrien Kais Al Abdallah, 41 ans, identifié comme l'ancien numéro 2 de l'EI à Raqqa, ce qu'il a nié, tout comme son implication dans l'enlèvement des otages français.
Dans la matinée, l'accusation avait commencé son réquisitoire en disant son "admiration" face au "courage" des otages ayant survécu au "Guantanamo à l'envers" et venus à la barre raconter leur supplice, "sans haine" mais pour "la justice".
Entre 2012 et 2014 et de "façon systématique", un total de 25 journalistes et humanitaires européens ou nord-américains avaient été enlevés en Syrie par le groupe naissant Etat islamique, dont 16 "sont revenus de l'enfer" alors que les autres ont été "sauvagement assassinés" dans des vidéos de propagande qui ont fait le tour du monde.