Vidéo violences policières producteur Paris Capture d'écran @Loopsider 1:30
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avec AFP , modifié à
Le média en ligne Loopsider a publié une vidéo édifiante, où l'on voit un producteur de musique se faire rouer de coups par des policiers lors d'une interpellation à Paris. Quatre policiers ont été suspendus, alors que la séquence a suscité un vif émoi. 
L'ESSENTIEL

C'est une vidéo édifiante de près de 10 minutes, publiée jeudi matin par le média en ligne Loopsider. Sur ces images, on voit un producteur de musique se faire violemment frapper par des policiers, lors d'une interpellation à Paris. L'homme, Michel Zecler, a livré son témoignage sur cette scène qui s'est passée samedi dernier à l'entrée d'un studio d'enregistrement du 17e arrondissement de la capitale. La vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a rapidement suscité l'indignation de nombreux internautes. 

Une enquête du parquet de Paris pour "violences" et "faux en écriture publique" a été ouverte. Quatre policiers ont été suspendus, alors que Gérald Darmanin a assuré jeudi soir sur France 2 qu'il demanderait la révocation de ces fonctionnaires. Cette affaire intervient en pleine polémique sur l'article 24 du projet de loi "Sécurité globale" qui encadre la diffusion des images des forces de l'ordre en opération et après l'évacuation musclée, lundi, d'un camp de migrants au cœur de la capitale.

Les informations à retenir : 

  • Le média en ligne Loopsider a publié une vidéo où l'on voit un producteur noir se faire tabasser par des policiers
  • Quatre policiers ont été suspendus, une enquête a été ouverte par le paquet de Paris
  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin va demander "la révocation" des policiers "dès que les faits seront établis par la justice"
  • De nombreuses stars du sport français, dont Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, ont fait part de leur indignation sur les réseaux sociaux 

Un producteur noir violemment frappé par des policiers 

La séquence, diffusée jeudi matin par Loopsider, s'est immédiatement répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo de près de 10 minutes, on voit un producteur noir se faire rouer de coups par des policiers. Selon leur procès-verbal consulté, les policiers ont tenté d'interpeller Michel Zecler pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils. Sauf que sur les images de vidéosurveillance de ce studio, également consultées par l'AFP, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque.

Dans leur rapport, les policiers ont écrit à plusieurs reprises que l'homme les avait frappés. Selon ces mêmes images, Michel Zecler résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Sauf que, encore une fois contrairement à la version des forces de l'ordre, le producteur ne semble pas porter de coups. La scène de lutte dure cinq minutes. Selon lui, les policiers l'ont traité à de nombreuses reprises de "sale nègre". 

Une enquête ouverte 

Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio. Les forces de l'ordre tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio une grenade lacrymogène qui enfume la pièce. D'autres images dévoilées par Loopsider et tournées par des riverains montrent les fonctionnaires pointer leurs armes dans la rue et intimer à Michel Zecler de sortir du studio.

Suite à cette interpellation, l'homme a, dans un premier temps, été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion". Mais le parquet de Paris a classé cette enquête et ouvert mardi une nouvelle procédure, cette fois pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique" et "faux en écriture publique". 

Le producteur assure avoir été traité de "sale nègre"

Michel Zecler a également fait état d'insultes racistes. "On m'a dit 'sale nègre' plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Je voudrais juste que le travail (de l'IGPN, ndlr) soit fait", a-t-il dit au sortir de sa déposition. "Je n'ai aucun doute là-dessus", a-t-il ajouté.

"J'aimerais que ça ne recommence plus pour personne. Caméra ou pas caméra, ça ne devrait pas arriver." 

Quatre policiers suspendus, Gérald Darmanin demandera leur révocation "si les faits sont établis" 

Sitôt les images diffusées sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé au préfet de police de Paris, Didier Lallement, de suspendre les policiers concernés. Trois premiers ont d'abord été suspendus. Puis un quatrième, arrivé en renfort et soupçonné d'avoir lancé une grenade lacrymogène dans le studio de musique, a à son tour été suspendu, a indiqué dans la soirée à l'AFP une source proche du dossier.

Invité du JT de 20h de France 2, Gérald Darmanin a ensuite annoncé qu'il demanderait "la révocation" des policiers, "dès que les faits seront établis par la justice". Il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République". Le ministre de l'Intérieur a été reçu par le président Emmanuel Macron jeudi après-midi, selon une source gouvernementale. Interrogé, l'Elysée a seulement indiqué que le président suit la situation de près. Plusieurs proches du président de la République ont exprimé sur Twitter leur indignation après le passage à tabac du producteur.

Dans une rare déclaration publique, le procureur de Paris Rémy Heitz a souhaité que l'IGPN, saisie du dossier, enquête "le plus rapidement possible". 

Une vive indignation, notamment parmi les stars du foot

La séquence, qui a été visionnée des millions de fois, a déclenché un vif émoi. "Sur ces images, ce n'est pas une police républicaine, mais une milice barbare hors de contrôle", a dénoncé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon (LFI), rejoint par de nombreuses personnalités écologistes et de gauche. Mais l'émotion a largement dépassé le cadre de la vie politique. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses stars du sport français ont fait part de leur indignation. Les footballeurs de l'équipe de France sont ainsi rapidement montés au créneau. Antoine Griezmann a dit avoir "mal à (s)a France", en citant Gérald Darmanin sur Twitter. 

Il a été rejoint par plusieurs autres champions du monde, comme Kylian Mbappé, Benjamin Mendy ou encore Samuel Umtiti. Les basketteurs NBA Rudy Gobert et Evan Fournier ont également tweeté. Leurs prises de position sont d'autant plus fortes qu'elles sont rares en France, où les sportifs engagés comme Dominique Rocheteau, Lilian Thuram ou Vikash Dhorasoo ont toujours été très minoritaires. Un mouvement qui semble suivre la tendance aux États-Unis, où se positionner sur les sujets de société n'est plus tabou pour les sportifs.