Son fils est le troisième kamikaze du Bataclan. Saïd Mohamed-Aggad l’a appris, comme tout le monde, en lisant la presse, mercredi matin. Depuis le départ de son fils en Syrie en décembre 2014, il a imaginé plusieurs fois apprendre sa mort, tué dans les combats du chaos syrien. Mais pas un seul instant il n’a envisagé que son fils projetait de revenir en France pour y mourir en martyr. "Chaque fois, je m'attendais à ce que l'on m'annonce sa mort, dans un bombardement, ou pour une autre raison. J'aurais préféré qu'il meurt là-bas, plutôt qu'ici", confie-t-il au Parisien.
"Il ne disait rien de son quotidien". Les nouvelles régulières des premiers mois avaient laissé place au silence. La dernière fois que son fils est entré en contact avec lui, c’était il y quatre ou cinq mois, via Skype. "Comme d'habitude, il ne disait rien de son quotidien, d'où il était ou de ce qu'il faisait. Il répondait juste ça va, ça va, parlait souvent du djihad...", raconte-t-il au Parisien.
"Ça ne servait plus à rien de communiquer". Pour se protéger, et parce que tout dialogue était devenu impossible, Saïd Mohamed-Aggad avait pris ses distances avec son fils. "Que voulez-vous faire ? Ce n'était plus lui, c'était une autre personne avec qui je parlais. Quelqu'un à qui on avait lavé le cerveau. Ça ne servait plus à rien de communiquer", déplore-t-il. Si bien qu'il n'était pas au courant que son fils était revenu en France.
"Je l'aurais tué avant". Un lavage de cerveau qui a conduit Foued Mohamed-Aggad jusqu’au Bataclan, où il a fait exploser sa ceinture, à la suite des attaques qui ont fait 90 morts dans la salle de spectacle, le 13 novembre dernier. "Quel être humain peut faire ce qu'il a fait ? Si j'avais su qu'il commettrait un jour une chose comme ça, je l'aurais tué avant", lâche Saïd Mohamed-Aggad dans un sanglot.