François Hollande l'a qualifié de "prêcheur de haine". Rachid El Jay, plus connu sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa ou l'"imam de Brest", est visé par une enquête préliminaire, révèle Le Télégramme. Selon le quotidien breton, le parquet de Brest a saisi deux services, le Groupement d'intervention régional (Gir) Bretagne, basé à Rennes, et l'antenne de police judiciaire de Brest-Quimper, pour mener cette procédure judiciaire ouverte le 21 avril dernier.
"Transformés en singes et en porcs". Figure très controversée, Rachid Abou Houdeyfa fait régulièrement polémique pour ses prêches radicaux, diffusés sur YouTube. Le plus connu est sans aucun doute celui dans lequel le religieux très orthodoxe, barbe fournie et petites lunettes rondes, aborde devant un parterre d'enfants ce que, selon lui, le Coran dit de la musique. Après avoir ordonné à l'un de ses jeunes élèves d'arrêter de faire de la batterie, l'imam affirme que ceux qui aiment la musique "seront transformés en singes et en porcs".
Des finances passées à la loupe. Mais ce n'est pas pour ces propos que le prêcheur qualifié de salafiste est directement visé par la justice. Car, comme l'avait admis Bernard Cazeneuve, le droit ne permet pas d'intervenir sur ce point. L'enquête diligentée par le parquet breton vise avant tout à vérifier les activités financières, plutôt opaques, de l'imam. Rachid Abou Houdeyfa mène en effet un train de vie plutôt dispendieux et a notamment pour projet d'ouvrir une école coranique. Il organise régulièrement des périples vers La Mecque, selon Libération, sans pour autant déclarer aucune société sous son identité. Mais, d'après Le Point, les soutiens du prêcheur ultra-orthodoxe estiment que "les récents développements judiciaires n'ont pour but que de rattraper une bourde présidentielle".
Les erreurs du président. Car l'homme est clairement, comme tous les "imams radicaux", dans la ligne de mire du gouvernement. Invité sur le plateau de Dialogues Citoyens, le 14 avril dernier, François Hollande assure que la mosquée Al Sunna où Rachid Abou Houdeyfa délivre ses prêches, et le religieux lui-même, sont dans le viseur de la justice : "Ce lieu de haine a été fermé [...] Il est inquiété. Il est poursuivi. Il est dans une procédure judiciaire. Donc nous devons lutter contre ces prêcheurs, ces partisans de la haine qui induisent la radicalisation". Sauf qu'à l'époque, il ne faisait encore l'objet d'aucune procédure judiciaire et la mosquée en question accueillait en réalité toujours ses fidèles. Seule une perquisition avait eu lieu, en novembre dernier, au domicile de l'imam et dans son lieu de prières.