Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi une "transformation profonde" de la présence militaire française au Sahel, et la mise en place d'une alliance internationale antijihadiste dans la région. Pour rappel, 5.100 soldats sont déployés dans le cadre de la force française Barkhane. "A l'issue de consultations (..) nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, annonçant la "fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure" et la mise en oeuvre "d'une alliance internationale associant les États de la région".
Fermeture de bases de l'armée française
Cette "transformation" de l'opération Barkhane au Sahel va passer par la fermeture de bases de l'armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales, a précisé Emmanuel Macron. La lutte contre le terrorisme sera faite "avec des forces spéciales structurées autour de (l'opération) Takuba avec évidemment une forte composante française - avec encore plusieurs centaines de soldats - et des forces africaines, européennes, internationales", qui "aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme", a complété le chef de l'Etat.
Cette annonce, qui était attendue mais n'en demeure pas moins fracassante, survient alors que le Mali, un pays clé dans la région, a connu un deuxième coup d'Etat en mois d'un an, qui a crispé les relations Paris-Bamako et interroge la présence française sur place. Concrètement, la France souhaite cesser d'essayer de sécuriser de vastes zones où les Etats n'arrivent pas à garder pied, et va se concentrer sur la lutte ciblée contre les jihadistes.
A l'horizon 2023, les effectifs français devraient tourner autour de 2.500 personnes, a indiqué une source ayant connaissance du dossier à l'AFP. "Le chiffre de soldats français restant n'est pas arrêté, peut être quelques milliers. Il restera une présence significative", selon l'Elysée, qui ajoute qu'un départ du Nord du Mali pourrait survenir "à l'horizon de l'automne". Paris compte donc sur l'"internationalisation" de l'effort d'accompagnement au combat des forces locales, sous-équipées et sous-entraînées.
"Une mauvaise jurisprudence pour les Africains"
La situation s'était compliquée ces dernières semaines avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout le deuxième coup d'Etat en neuf mois au Mali qui a conduit Paris à suspendre ses opérations avec les forces maliennes. Le président français a déploré que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ait "reconnu" le colonel Assimi Goïta comme président de la transition au Mali, après un deuxième putsch de l'intéressé en neuf mois. "La décision que la Cédéao a prise de reconnaître un putschiste militaire six mois après lui avoir refusé ce droit crée une mauvaise jurisprudence pour les Africains eux-mêmes (...) pour la Cédéao elle-même et par le précédent que cela crée chez beaucoup de voisins", a estimé Emmanuel Macron.
Il avait pourtant lui-même été critiqué pour avoir soutenu la transition militaire instaurée au Tchad après la mort d'Idriss Déby qui, de l'avis de nombreux analystes, a créé un précédent aux yeux des putschistes maliens.