Absent tragique du procès, Jean Germain était au coeur de l'audience de jeudi. Le procureur a estimé que, dans cette affaire des "mariages chinois", l'ancien maire de la ville, qui s'est suicidé, était "un commandeur" au centre de ces simulacres de mariage "à la française". Le procureur a également réclamé jeudi deux ans de prison avec sursis contre Lise Han, principale accusée de l'affaire. Le tribunal a annoncé qu'il rendra son jugement le 7 janvier 2016.
"Des conseillers, des jaloux, des courtisans, une favorite...". Au dernier jour du procès, qui avait repris mardi devant le tribunal correctionnel de Tours, le procureur de la République, Jean-Luc Beck, a "regretté l'absence de Jean Germain", l'ex-sénateur-maire PS qui s'est suicidé le 7 avril dernier, à l'heure où devait s'ouvrir le procès. Jean Germain "ne relève plus de la juridiction des hommes", a souligné Jean-Luc Beck, en rappelant que l'ancien maire avait été convoqué devant la justice parce qu'il était "un des personnages centraux de cette affaire" de prise illégale d'intérêt, détournement de fonds publics et escroquerie.
Dans un sévère réquisitoire, le magistrat a décrit "un panier de crabes, avec un commandeur aujourd'hui décédé, des conseillers, des jaloux, des courtisans, une favorite..."
Une relation intime qui dit des choses. Évoquant la "relation intime" de l'ex-maire avec Lise Han, la principale accusée, le procureur a estimé que "certaines réactions de Jean Germain sont inexplicables sans faire référence à certains aspects de sa vie privée". Le tout puissant maire de Tours et président de la communauté d'agglomération avait nommé Lise Han en 2008 à son cabinet pour superviser les "noces romantiques" rassemblant des centaines de couples chinois en Touraine. Le marché revenait systématiquement à la société qu'elle n'a jamais cessé de gérer, en recourant à son mari comme "gérant de paille".
Durant toute la collaboration de la femme d'affaires d'origine taïwanaise avec Jean Germain, "au lieu de se mettre en conformité avec la loi, on gomme simplement l'apparent par un habillage", a dénoncé le procureur, en parlant de "joyeux montages" destinés à garantir les marchés à la société de Lise Han.
Des peines de sursis requises. Le procureur a réclamé deux ans de prison avec sursis contre Lise Han. Disant vouloir privilégier l'indemnisation des collectivités locales victimes des détournements plutôt qu'une peine de prison, il a assorti le sursis d'une obligation de remboursement des sommes détournées, ainsi que d'une interdiction de sortie du territoire et de gérer une société.
Pour les trois autres accusés, le procureur a pointé du doigt la responsabilité de François Lagière, l'ancien chef de cabinet du maire, contre lequel il a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis et une interdiction pendant deux ans d'exercer une fonction publique, et de Jean-François Lemarchand, directeur de la SPL, réclamant une peine de 12 mois de prison avec sursis et une amende de 30.000 euros.
Enfin, il a réclamé une peine de trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende contre le mari de Lise Han, qui avait accepté de jouer les hommes de paille pour "rendre service" à son épouse.