Effondrement d'immeubles à Marseille : dix personnes disparues

Les secours sont engagés dans une course contre la montre.
Les secours sont engagés dans une course contre la montre. © Europe1/Nathalie Chevance
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avec Nathalie Chevance et AFP , modifié à
Deux immeubles se sont effondrés dans le centre-ville de Marseille, lundi matin. Dix personnes n'ont pas donné signe de vie, et les secours sont à la recherche d'éventuelles victimes. 

Une course contre la montre s'est engagée rue d'Aubagne, à Marseille. Les secours recherchaient lundi d'éventuelles victimes sous les décombres de deux immeubles mitoyens vétustes qui se sont effondrés en plein centre-ville. Dix personnes sont portées disparues, un bilan encore incertain. Les élus locaux et les riverains ont fait part de leur colère, après avoir alerté sur la vétusté des immeubles du quartier. 

Les informations à retenir :

  • Deux immeubles mitoyens d'un quartier populaire au cœur de Marseille se sont effondrés lundi matin 
  • Dix personnes sont portées disparues, selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner 
  • Élus locaux et riverains font part de leur colère, après avoir alerté sur la vétusté des immeubles du quartier 

Dix personnes disparues 

Un bilan incertain. Deux immeubles mitoyens, de quatre et cinq étages, se sont effondrés dans le centre de Marseille, rue d'Aubagne, lundi matin. Dix personnes sont portées disparues, a indiqué lundi soir le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Huit personnes auraient été susceptibles de se trouver dans les appartements et d’avoir été emportées dans l’effondrement. Deux autres personnes passaient devant les immeubles et seraient susceptibles d’avoir été emportées", a-t-il déclaré. "Je suis peu optimiste", a-t-il ajouté. 

Les recherches dans les décombres vont se poursuivre toute la nuit, et pourraient durer plusieurs jours. L'effondrement a par ailleurs fait deux blessés légers parmi les passants.

D'importants moyens mobilisés. D'importants moyens étaient déployés devant les deux bâtiments écroulés, pour rechercher d'éventuelles autres victimes sous les décombres. Quelque 100 marins-pompiers, 33 véhicules et deux équipes cynotechniques étaient à pied d'oeuvre dans la petite rue commerçante de ce quartier défavorisé du centre-ville, qui compte de nombreux immeubles dégradés voire insalubres.

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Un important amas de gravats a envahi la moitié de la rue, et des voitures ont été ensevelies. ©GERARD JULIEN / AFP

Des immeubles vétustes 

Un des bâtiments frappé de péril imminent. L'un des deux immeubles, au n°63 de la rue d'Aubagne, avait fait l'objet d'un arrêté de péril en 2008, mais depuis, rien ne s'était passé. Le site a été évacué, "fermé et muré" et "entièrement sécurisé", assure la mairie. Mais d'après des riverains, des squatteurs et des sans-papiers auraient investi le bâtiment. L'immeuble a été racheté par la Ville de Marseille après l'arrêté de péril, qui devait y installer une micro-crèche de dix berceaux, précise le site Marsactu. 

Ce serait cet immeuble qui se serait effondré en premier, entraînant avec lui le second. Ce dernier, situé au 65 rue d'Aubagne, comptait 12 appartements, dont neuf étaient habités, ont indiqué les pompiers. En copropriété, il avait fait l'objet de travaux de confortement il y a une quinzaine de jours. 

Un troisième immeuble en partie effondré. Un troisième immeuble, au numéro 67, s'est partiellement effondré dans la soirée. "On a décidé d'intervenir avec une pelleteuse pour enlever la partie fissurée. Le mur a commencé de tomber tout seul au départ puis (...) est tombé d'un coup", a témoigné l'amiral Charles-Henri Garié, qui commande les marins-pompiers de Marseille. Ce troisième immeuble avait été abandonné et muré depuis l'été 2012.

Riverains et élus en colère

"J'ai entendu comme un tremblement de terre". "On a entendu comme une explosion. Je n'ai même pas eu le temps de finir ma pensée que j'ai entendu comme un tremblement de terre. Il y avait plein de poussière chez moi", a témoigné Sonia, extrêmement choquée, au micro d'Europe 1. Frédéric, riverain de la rue d'Aubagne, fait part lui aussi de sa "colère" et de son "dégoût" : "Ces immeubles sont dans un état pas possible depuis des années et rien n'est fait. Il fallait être idiot pour ne pas se rendre compte qu'il y avait un problème. Cette partie-là est dans un état abominable, mais tout le monde s'en fout. Et aujourd'hui, voilà qui se passe".

Un propriétaire d'un appartement au premier étage du numéro 65, Alexis Bonetto, a quant à lui affirmé à l'AFP que "des travaux étaient prévus cette semaine". "Nous étions inquiets depuis deux-trois jours. Il y a eu un petit mouvement de terrain dans le week-end et du coup la porte d'entrée avait du mal à fermer". "C'était un immeuble ancien, construit il y a 200 ans, mais pas insalubre. Il avait été remis aux normes", a-t-il assuré.

Samia Ghali "choquée" mais pas étonnée. Plusieurs représentants de l'opposition ont rappelé mardi l'ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, a affirmé lundi sur Europe 1 être "choquée" mais pas étonnée de ces effondrements : "On a beaucoup d'immeubles insalubres, beaucoup d'immeubles qui sont occupés alors qu'ils ne devraient pas l'être, beaucoup de marchands de sommeil". "J'étais avec Patrick Mennucci (conseiller municipal de Marseille, ndlr) qui me disait que, quand il était maire de secteur, il avait déjà demandé la mise en péril de certains immeubles. Il avait déjà fait ça en 2008 alors imaginez un peu", a-t-elle ajouté. "Ce sont les maisons des pauvres qui tombent, et ce n'est pas un hasard", a tonné le chef de file des Insoumis et député du secteur Jean-Luc Mélenchon, regrettant "une drôle d'odeur de désinvolture et d'indifférence à la pauvreté".

Une enquête ouverte. La raison de cet effondrement soudain reste pour l'heure inconnue. Une enquête a été confiée à la police judiciaire, qui doit notamment déterminer l'origine de la catastrophe. Selon la mairie, "ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours".

La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. La cité phocéenne est particulièrement concernée : selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de "100.000 habitants" de la ville.

Macron dit "l'affection et la solidarité de la Nation". Emmanuel Macron a fait part lundi de "l'affection et la solidarité de la Nation" après l'effondrement de ces deux immeubles. "Marseille a souffert et souffre encore. Je voulais dire l'affection et la solidarité de la Nation toute entière à l'endroit de nos compatriotes, pour cette ville, ces territoires, cette région", a déclaré le président de la République dans un discours prononcé à Pont-à-Mousson, en Meurthe-et-Moselle.