Une enquête a été ouverte pour déterminer l'origine d'ossements, qui appartiendraient à un soldat de 14-18, découverts dans un carton déposé devant l'ossuaire militaire de Douaumont, près de Verdun, dans la Meuse, ont indiqué mardi des sources concordantes.
Des os soigneusement conservés. "Ce sont des ossements humains et leur allure permet de dire qu'ils sont compatibles avec des ossements qui remonteraient à un siècle", a expliqué Bruno Frémont, médecin légiste chargé par le parquet de Verdun de les examiner.
Découverts mercredi dans un carton qui contenait également une plaque d'identité militaire, des pièces de monnaie, des boutons d'uniforme et des fragments de casque Adrian de la Première Guerre mondiale, ces os ont été déposés "par quelqu'un qui savait ce qu'il faisait", selon le spécialiste. C'est "probablement un collectionneur ou un fouilleur passionné, car on a réussi à reconstituer un squelette complet. Il n'y a pas d'os en surnuméraire : il a mené des recherches poussées", a précisé Bruno Frémont.
Les restes d'Eugène Mérat ? Retrouvée avec la plaque militaire "abîmée et corrodée", une fiche historique de l'armée de Terre associe une identité à ces ossements : Eugène Mérat, du 94ème régiment d'infanterie, né en 1891 à Châtillon-sur-Marne, dans la Marne, et tué à Chattancourt, dans la Meuse, en 1916. "Il va falloir déterminer si la plaque correspond à ces ossements", a dit le légiste, qui jugerait toutefois "curieux que cela soit un simulacre". Une enquête a été ouverte "pour obtenir une identité et connaître l'ancienneté de ces ossements", a indiqué le parquet de Verdun.
Selon le docteur Frémont, l'Office national des anciens combattants (Onac), qui a entamé des recherches sur d'éventuels descendants d'Eugène Mérat, "a déjà découvert qu'il était marié, puisque sa veuve a reçu une pension en 1916". L'identification d'un descendant permettrait de réaliser des analyses ADN, à la demande du ministère des Armées, et de les comparer avec l'ADN des ossements.
Une première identification qui ouvre la porte à d'autres. Depuis l'identification du sergent Claude Fournier, premier soldat français de 14-18 identifié génétiquement en 2017, "il arrive régulièrement" que des ossements soient déposés devant l'ossuaire ou envoyés au médecin légiste. "Mais le plus souvent, ce sont des ossements d'animaux", a-t-il souligné.
Les fouilles sont interdites sur les champs de bataille de 14-18, "ce qui explique probablement la volonté de rester anonyme" de l'individu qui a déposé le carton. Près de 300.000 soldats sont morts pendant la bataille de Verdun (février à décembre 1916). Les corps d'environ 80.000 portés disparus sont dispersés dans une zone de 10.000 hectares transformée depuis en forêt domaniale.