Mineurs percutés à scooter à Paris : trois policiers suspendus et placés en garde à vue

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Les trois policiers sont également placés en garde à vue depuis jeudi, a indiqué vendredi une source proche du dossier. © FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Jeudi, les trois policiers, soupçonnés d'avoir percuté un scooter monté par trois adolescents et de les avoir blessés dans l'accident, ont été suspendus après avoir changé leur version des faits. Le parquet de Paris a confirmé que ces trois policiers avaient été placés en garde à vue jeudi.

Trois policiers, soupçonnés d'avoir percuté un scooter monté par trois adolescents et de les avoir blessés dans l'accident, le 13 avril à Paris, ont été suspendus après avoir changé leur version des faits et placés jeudi en garde à vue.

 

Un policier mis en examen et placé sous contrôle judiciaire

Un policier a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire vendredi à Paris, en tant que conducteur de la voiture de police soupçonnée d'avoir percuté un scooter monté par trois adolescents, blessés dans l'accident la semaine dernière, a-t-on appris de source judiciaire.

A l'issue de sa garde à vue, le fonctionnaire de police a été présenté à un juge d'instruction qui l'a mis en examen pour violences avec arme ayant entraîné une incapacité de travail et faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique, selon la source judiciaire. Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction d'exercer l'activité de policier, ainsi que d'entrer en contact avec les victimes et les témoins, a-t-elle précisé.

Une femme de 37 ans met en cause les policiers

Peu avant minuit, dans le XXe arrondissement de la capitale, un scooter transportant trois mineurs de 17, 14 et 13 ans, dont l'un ne portait pas de casque, a été poursuivi par une voiture de police avant de chuter. Les policiers "ont voulu procéder au contrôle" du scooter mais "le conducteur a refusé de s'arrêter" et a "emprunté une rue à contresens avant de perdre la maîtrise (de son deux-roues) dans des circonstances qui restent à établir", avait expliqué mardi la préfecture de police.

Mais selon une femme de 37 ans, se présentant comme témoin des faits, le véhicule de police est venu percuter le deux-roues. "J'ai vu le scooter se lever et surtout les corps éjectés avant de retomber sur le trottoir", avait-elle relaté jeudi lors d'une conférence de presse organisée par Arié Alimi, avocat des deux familles des mineurs. La conductrice, âgée de 17 ans, a été hospitalisée. Vendredi, son pronostic vital n'était plus engagé, selon le parquet de Paris. Son frère de 13 ans a été blessé au foie et un autre passager, âgé de 14 ans, touché au genou, avait indiqué jeudi Me Alimi.

Le parquet de Paris a confié à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) une enquête sur les conditions dans lesquelles le scooter a chuté, et ouvert une autre enquête sur le refus d'obtempérer de la conductrice.

"Une intervention non conforme"

Le ministre de l'Intérieur a annoncé vendredi matin sur franceinfo avoir "demandé au préfet de police de suspendre (...) ceux qui seraient responsables - notamment une conductrice et d'autres policiers - de cette situation". "Je crois comprendre que les témoignages des policiers du premier jour ne sont pas ceux d'aujourd'hui et qu'ils reconnaissent des gestes qui ne sont pas appropriés", a ajouté Gérald Darmanin. "Les témoignages ici et là" semblent indiquer "une intervention qui n'est pas conforme à ce que le droit et la déontologie permettent", a-t-il poursuivi.

"Les fonctionnaires de police ont d'abord évoqué une chute du véhicule deux-roues, sans contact avec le véhicule de police", a souligné la préfecture de police. "Revenant sur cette première déclaration, ils ont depuis précisé qu'il y avait eu un contact entre les deux véhicules, sans qu'il ne soit établi à ce stade que ce contact résulte d'une action volontaire ou involontaire", a-t-elle rapporté.

Selon la préfecture, "dès que ces éléments nouveaux ont été portés à la connaissance du préfet de police, et conformément aux instructions du ministre de l'Intérieur, une demande de suspension pour les trois fonctionnaires a été signée". Ils sont également placés en garde à vue depuis jeudi, a indiqué vendredi une source proche du dossier. Le parquet a confirmé que trois personnes étaient en garde à vue, sans préciser de qui il s'agissait.

Menace de la police envers les témoins

"Les familles sont soulagées mais regrettent l'organisation de la dissimulation initiale, les menaces contre les témoins et les familles", a réagi vendredi auprès de l'AFP Me Alimi. "Ils déposeront plainte contre tous les policiers de la préfecture de police de Paris et leurs donneurs d'ordre pour les faux en écriture publique et les obstructions à la manifestation de la vérité", a-t-il annoncé. La femme témoin affirme avoir reçu l'ordre d'une policière d'effacer des vidéos qu'elle avait réalisées juste après le choc. "Une inspectrice m'a clairement menacée et dit que j'allais avoir de gros problèmes et finir en garde à vue si je n'effaçais pas les vidéos", a-t-elle assuré.

L'avocat a déposé une première plainte après l'accident pour tentative d'assassinat par personne dépositaire de l'autorité publique, avec arme par destination, sur personnes mineures. "On ne souhaite pas faire la guerre à la police, on veut juste connaître la vérité", avait précisé jeudi devant la presse la sœur aînée de la conductrice et du garçon de 13 ans blessés. "Il est nécessaire de faire la transparence sur ce qui s'est passé, on en a besoin pour passer à autre chose", avait relevé la mère du troisième adolescent.