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Arthur Helmbacher, édité par Rémi Duchemin
Dimanche soir, à Oberhoffen-sur-Moder, une femme de 40 ans a été tuée par son mari, âgé de 58 ans. Stella, la fille de la victime, raconte les circonstances du drame et accuse les gendarmes de ne pas avoir assez agi pour empêcher ce 131ème féminicide depuis le début de l’année.
TÉMOIGNAGE

C'est un nombre insupportable, mais qui n’en finit plus d'augmenter. Dimanche soir, une femme de 40 ans a été tuée par son mari à Oberhoffen-sur-Moder, à côté d'Haguenau, dans le Bas-Rhin, ce qui constitue le 131ème féminicide depuis le début de l'année. Stella, la fille de la victime, livre à Europe 1 un récit glaçant sur les derniers instants vécus par sa mère.

"Il avait le regard vide, le regard de tueur"

"J’ai été appelée par ma mère, qui m’a appelée à 23 heures pour me demander de l’aide, parce qu’il avait de nouveau caché un couteau", raconte la jeune femme. "C’était pas la première fois. Les gendarmes étaient au courant, ils n’ont jamais rien fait. Je suis arrivée, on a escaladé le portail, on a essayé de fracturer la porte pour pouvoir rentrer. On l’a vu lui mettre le dernier coup de couteau dans le cou. Ma mère a eu encore le courage de se lever et de venir dans la cour avant de s’écrouler."

Et, alors que sa femme agonisait, son tueur a agi presque comme si de rien n’était. "On était une quinzaine dans la cour. Les voisins nous ont aidés, alors que lui était juste à côté, armé. Il est resté à l’intérieur, dans la maison, il a décapsulé sa bière et a bu son coup", poursuit Stella. "Il a pris le temps de se laver les mains, de faire un peu le ménage. Et de boire un coup. Il avait le regard vide, le regard de tueur. Il s’en foutait royalement."

Entendu sur europe1 :
Les gendarmes sont encore intervenus vendredi soir. Ils ont raccompagné ma mère sur le canapé pour qu’elle aille se coucher et 'Bonne nuit madame'

Ce drame est aussi un drame de l’alcoolisme. "Il buvait du matin au soir. Et au moment où il y avait de l’alcool, il y avait des coups. Ma mère a vécu ça pendant trois-quatre ans sans jamais en parler. Jusqu’à cette année où je lui ai dit qu’elle n’avait plus le choix", raconte Stella, qui accuse les autorités. "Elle en a parlé, elle est allée à la gendarmerie, elle a déposé des mains courantes, elle a déposé une plainte. Les gendarmes sont encore intervenus vendredi soir. Ils ont raccompagné ma mère sur le canapé pour qu’elle aille se coucher et 'Bonne nuit madame'. Et aujourd’hui, il n’y a plus de 'bonne nuit madame'".

La situation de ce couple était connue. La famille savait, les amis savaient, les voisins savaient, les gendarmes aussi savaient. Avant leur dernière visite, vendredi soir, dans cette maison et dans cette cour où des traces de sang sont encore visibles, les gendarmes étaient déjà intervenus il y a moins d’une semaine, déjà pour déjà des violences.

Et ce soir-là - et ça va faire écho avec ce qui se discute en ce moment dans le cadre du Grenelle des violences faites aux femmes - ils ont suggéré à cette femme de partir. Mais, nous a dit sa fille, ma mère estimait qu’elle était chez elle. Elle a donc refusé.