Il y a dix ans, Daniel Legrand fils avait été confronté à la même situation : prouver son innocence pour les faits de viols sur des enfants dont il était accusé. Il y a dix ans, Daniel Legrand fils avait été acquitté, pour ces faits pour lesquels il était jugé en tant que majeur. Cette fois, l'un des treize acquittés de l'affaire Outreau, est jugé devant la cour d'assises des mineurs à Rennes. Et il a dû une nouvelle fois prouver son innocence. "C'est le ciel qui est tombé sur ma tête", s'est souvenu Daniel Legrand, à propos de sa première garde à vue dans cette affaire, le 14 novembre 2001.
Des faux aveux qui le mettent à mal. A l'époque, son nom, surgi dans l'instruction avec celui, homonyme, de son père, avait été confirmé au juge d'instruction par trois des accusés de viols sur les enfants Delay : leur mère Myriam Badaoui et un couple de voisins, tous trois déjà incarcérés. Confronté une première fois à eux, il réfute les accusations. Le jeune homme de 20 ans perd pied en détention.
Et Daniel Legrand fait soudainement, un mois plus tard, des "aveux" terribles et circonstanciés. Il s'accuse des viols qui lui étaient initialement reprochés puis ajoute dans un courrier au juge le récit du meurtre de petite fille dont il aurait été témoin.
"Comme je savais pas quoi dire, j'ai inventé". "Je comprenais pas pourquoi Mlle Grenon (une de ses accusatrices, ndlr) elle était libre alors qu'elle s'accusait (de viols) et moi j'étais en prison alors que j'étais innocent...", a expliqué Daniel Legrand, vendredi. "Comme je savais pas quoi dire, j'ai inventé".
"C'est insoutenable ce que vous racontez dans ces aveux : il y a des détails qui sont presque indicibles", a souligné le président de la cour d'assises des mineurs d'Ille-et-Vilaine, Philippe Dary.
Condamné puis acquitté. L'enquête ouverte à la suite de ces aveux a été close par un non-lieu en 2007 : aucune trace d'enfant disparu ni d'un corps. Un peu plus de deux mois après ses "aveux", début 2002, Daniel Legrand a affirmé avoir menti et n'a plus jamais varié. Condamné pour agressions sexuelles en 2004 à Saint-Omer, il a été acquitté en 2005 en appel à Paris, comme 12 autres des accusés.
"Je n'ai rien fait, c'est la vérité". Les quatre condamnés ont indiqué lors de ces procès qu'il était innocent et qu'ils ne le connaissaient pas. Et l'ont réaffirmé à Rennes mardi et mercredi. "Je suis complètement étranger à cette affaire, je n'ai rien fait, c'est la vérité", a une nouvelle fois déclaré vendredi Daniel Legrand.