"Un ignoble attentat terroriste". C'est ainsi que le chef de l'Etat a qualifié la prise d'otages menée par deux individus munis de plusieurs armes blanches, mardi matin, dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans la périphérie de Rouen. Le prêtre Jacques Hamel, qui célébrait l'office, a été égorgé par les assaillants.
Une autre personne a été grièvement blessée par ces "deux terroristes se revendiquant de Daech", d'après les termes de François Hollande. Tous deux ont été abattus par les forces de l'ordre qui ont donné l'assaut vers 10h30. Mardi soir, l'un d'eux a été formellement identifié. Connu des services antiterroristes, ce jeune homme âgé de 19 ans avait déjà tenté de rejoindre la Syrie à deux reprises, en 2015.
Les informations à retenir
- Un "ignoble attentat" a eu lieu dans une église près de Rouen, mardi matin : le prêtre a été tué, un paroissien grièvement blessé.
- Les deux assaillants ont été "abattus" lors de l'assaut par la BRI de la police judiciaire de Rouen.
- L'Etat islamique a revendiqué l'acte de deux "soldats".
- L'un d'eux a été "formellement identifié" mardi soir : connu des services antiterroristes et de la justice, il avait tenté deux fois de partir faire le djihad.
L'un des deux assaillants identifié. La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'affaire. Deux magistrats du parquet antiterroriste ont été envoyés sur les lieux du drame. L'enquête est confiée à la SDAT (la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire) et à la DGSI (les services de renseignement), a indiqué le parquet de Paris dans un communiqué.
L'un des deux auteurs de l'attaque a été identifié formellement, mardi soir. Âgé de 19 ans, Adel K. est né à Mont-Saint-Aignan, en Seine-Maritime, était bien connu des services antiterroristes. Il avait tenté, à deux reprises, de rejoindre la Syrie en 2015, a indiqué François Molins, procureur de la République de Paris, mardi soir.
Le jeune homme avait été mis en examen pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste", puis incarcéré en détention provisoire avant d'être libéré en mars dernier sous bracelet électronique, selon nos informations. Le parquet avait fait appel contre cette libération, mais la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris avait confirmé cette décision du juge d'instruction, a détaillé le procureur mardi soir.
Le deuxième auteur de l'attaque est en cours d'identification et des perquisitions se poursuivent, a conclu le procureur lors d'une conférence de presse mardi vers 21h15.
Deux "soldats" de l'Etat islamique. L'Etat islamique a revendiqué rapidement, mardi après-midi, cet attentat via son agence de presse officielle, Amaq. Dans un communiqué proche de celui transmis pour l'attentat de Nice, l'organisation terroriste affirme que les assaillants étaient deux de ses "soldats" ayant répondu à l'appel de "cibler les pays croisés de la coalition" qui sont en guerre contre l'EI, en Irak et en Syrie.
En juillet 2015, dans le numéro 5 de Dar Al-islam, son magazine français de propagande, l'Etat islamique appelait notamment à viser des églises.
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Un mineur en garde à vue. Sur place, les opérations d'investigation et de déminage se sont par ailleurs poursuivies jusqu'en milieu d'après-midi avec l'aide du Raid, "pour s'assurer que les lieux n'ont pas été piégés", avait indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Aucun explosif n'a été découvert.
Toute la journée, les équipes de police ont œuvré pour sécuriser le périmètre. (Crédit photo : AFP)
En fin de matinée, un mineur a été placé en garde à vue. "Il s'agit du frère cadet d'un individu faisant l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti en Syrie le 20 mars 2015 avec les papiers d'identité d'Adel K.", a indiqué François Molins, mardi soir. Selon les informations d'Europe 1, il aurait été interpellé après avoir tenté de pénétrer au sein du vaste périmètre de sécurité mis en place autour de l'église. Deux perquisitions ont également été menées au cours de la journée, dont l'une dans les quartiers nord de la commune, d'après l'AFP.
Que s'est-il passé ? Un peu avant 10h, mardi matin, deux hommes équipés d'armes blanches se sont introduits par l'arrière de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, commune de 29.000 habitants en périphérie de Rouen. Six personnes assistaient alors à la messe en cours : le prêtre qui célébrait l'office, trois religieuses et deux fidèles. C'est l'une des religieuses, ayant réussi à prendre la fuite immédiatement, qui a rapidement donné l'alerte.
Les forces de l'ordre sont rapidement arrivées sur place. Vers 10h30, la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire de Rouen et la Brigade anticriminalité (BAC) locale ont encerclé l'église et établi un périmètre de sécurité. Lors de l'opération policière, "trois otages sont sortis de l'église suivis des deux terroristes, dont l'un porteur d'une arme de poing, s'est élancé sur les forces de police aux cris d'Allah Akbar", a expliqué François Molins en conférence de presse. Les deux hommes ont été abattus à ce moment-là. Des explosifs factices et plusieurs couteaux seront retrouvés par les enquêteurs sur les corps des assaillants.
La paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray, où a eu lieu l'attaque terroriste (Capture Google Street View).
Le prêtre tué, un paroissien grièvement blessé. Une fois à l'intérieur de l'église, les secours - sous protection policière - ont découvert une victime parmi les otages : le prêtre auxiliaire de la paroisse, égorgé et touché au thorax par les assaillants. D'après le site du diocèse de Rouen, l'abbé Jacques Hamel était né en 1930 non loin de là, à Darnétal, une petite commune située à côté de Rouen. Prêtre depuis presque 60 ans, il remplaçait le curé de l'église lors de ses absences.
Une autre personne, un fidèle de la paroisse, a été très grièvement blessée, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. "Ses jours ne seraient pas en danger", a avancé François Molins mardi soir. Les trois autres otages sont sains et saufs. Une cellule psychologique a également été mise en place par la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray.
"Tuer un prêtre, c'est profaner la République". Immédiatement, après l’attaque, le président de la République, François Hollande, et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, se sont rendus sur place. Mardi soir, le chef de l'Etat a déclaré lors d'une allocution depuis l'Elysée : "attaquer une église, tuer un prêtre, c'est profaner la République". François Hollande, appelant à faire bloc, a conclut : "Je vous l'assure, cette guerre nous la gagnerons".
Le Président réunira mercredi matin, à 8h45, un Conseil de sécurité et de défense à l'Élysée, a annoncé mardi l'entourage du président de la République. Le chef de l'Etat recevra auparavant, à 8 heures, les représentants des différents cultes, et présidera ensuite, à 9h30, un Conseil des ministres largement consacré au drame.