Palais de justice 1:30
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Jean-Luc Boujon avec AFP / Crédit photo : NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Ce lundi, le procès de celui que la presse a surnommé "le tueur de DRH" a repris pour sa deuxième semaine. Gabriel Fortin, jugé devant les assises de la Drôme pour trois assassinats, est resté de marbre lundi face à la douleur des proches de la première victime de son périple meurtrier de janvier 2021.

"C'est un mur": Gabriel Fortin, jugé devant les assises de la Drôme pour trois assassinats, est resté de marbre lundi face à la douleur des proches de la première victime de son périple meurtrier du janvier 2021. Le procès de celui que la presse a surnommé "le tueur de DRH", de par la profession des victimes en lien avec les ressources humaines et la recherche d'emploi, a repris lundi pour sa deuxième semaine, sur les trois prévues dans l'ensemble. Alors que les faits sont abordés dans l'ordre chronologique, la cour se penche depuis la fin de semaine passée sur les faits commis dans le Haut-Rhin, à savoir l'assassinat d'Estelle Luce, abattue sur le parking de son entreprise, ainsi que la tentative d'assassinat de son ancien maître de stage, Bertrand Meichel, qui résidaient à quelques dizaines de kilomètres l'un de l'autre. 

Alors que Gabriel Fortin est un ingénieur nouvellement embauché dans l'entreprise où travaille Bertrand Meichel, ses supérieurs ne cessent de se plaindre de lui et son comportement conflictuel. Ce dernier, le DRH, se charge alors de lui faire passer son entretien préalable de licenciement après décision de la direction. En plus de son premier licenciement dans une autre entreprise, Gabriel Fortin vit cet événement comme une humiliation et rumine sa vengeance pendant 15 ans. En 2021, il décide de passer à l'acte, sonne à la porte de son ex-DRH en Alsace et fait feu sur lui à l'aide d'un pistolet dissimulé dans un carton à pizza, un détail qui a toute son importance pour Bertrand Meichel. "J'ai la vie sauve grâce au carton de pizza, comme je l'ai expliqué", détaille-t-il la voix tremblante. "J'ai pas réussi à l'arrêter mais... Si j'avais au moins pu arrêter la dernier..."

Bertrand Meichel et Estelle Luce avaient donc tous deux participé au licenciement de Gabriel Fortin en 2006 dans l'Eure-et-Loir. Lors du procès, Evelyne, la mère de cette dernière, voulait que l'accusé "bouge un peu". Elle s'est adressé directement à Gabriel Fortin depuis la barre des témoins pour lui demander de s'expliquer. "Mais ça n'a pas fonctionné, il reste dans son mutisme, il est toujours froid", a réagi Evelyne Luce en marge de l'audience à la mi-journée.

"Aucune remarque"

Interrogé par le président de la cour sur les témoignages qu'il venait d'entendre, Gabriel Fortin a répondu : "Aucune remarque". "Il ne se remet même pas en question, c'est les autres, c'est pas lui. C'est toujours la faute des autres et je crois qu'on n'aura pas de réponse à un certain nombre de questions. C'est un mur en face de nous", a regretté la mère d'Estelle Luce auprès des journalistes. Le compagnon de cette dernière au moment de son décès, Alain S., a également pris la parole, décrivant la "pire journée de (sa) vie", le 26 janvier 2021.

Avant le drame, "Estelle ne se sentait pas en danger", a-t-il confié à la cour, malgré le dénigrement sur internet qu'elle avait pu subir, tout comme Bertrand Meichel, avec la création de faux profils sur les réseaux sociaux. Ces fausses identités numériques ont pu être reliées, au fil de l'enquête, à Gabriel Fortin. "On n'avait pas idée d'aller chercher aussi loin dans ses relations professionnelles, encore moins pendant un stage", a expliqué Alain S. Gabriel Fortin encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 30 juin.