Procès d'Outreau : Myriam Badaoui disculpe Daniel Legrand

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Myriam Badaoui en 2004.
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et C.-P.R. avec AFP , modifié à
Au lendemain des déclarations de son ex-mari Thierry Delay disculpant Daniel Legrand, jugé à Rennes pour des faits présumément commis lorsqu'il était mineur, Myriam Badaoui a elle aussi démenti son implication mercredi.

La "reine Myriam" sait toujours réserver ses coups de théâtre à la cour. Myriam Badaoui, mère de quatre garçons violés par elle et son ex-mari Thierry Delay, dont le calvaire est à l'origine de l'affaire Outreau, a tenu de vives critiques à l'encontre du juge Burgaud et a disculpé mercredi à son tour, de nouveau, Daniel Legrand. Ce dernier, l'un des acquittés d'Outreau, est poursuivi pour des accusations non encore jugées de viols sur ces mêmes enfants.

"Ce jeune-là, je le connais ni d'Eve ni d'Adam, on l'a retiré de son enfance à cause de mes mensonges... pas que les miens mais surtout les miens", a déclaré Myriam Badaoui en pleurant dès le début de son témoignage. 

"Ce jeune homme n'a rien demandé à personne je lui ai brisé sa vie, c'est tout ce que j'ai à dire".

Amincie, le visage dissimulé sous deux capuches. Arrivée au tribunal la tête dissimulée sous une couverture peu avant 9 heures, elle avait immédiatement été conduite au local des témoins avant d'être conduite à la barre à la reprise de l'audience. Très amincie par rapport à son apparence au moment des procès, elle portait en entrant deux capuches l'une sur l'autre et n'a accepté d'en baisser qu'une seule pour témoigner.

Dès mardi, celle qui avait été surnommée la "reine Myriam" tant ses déclarations avaient pesé sur les deux mois d'audience du premier procès "Outreau" à Saint-Omer en 2004, avait fait savoir, via le parquet général de Rennes, qu'elle ne souhaitait être, ni filmée ni photographiée.

Une charge contre le magistrat Burgaud. Lors de son audition, Myriam Badaoui a par ailleurs lourdement critiqué Fabrice Burgaud pour expliquer ses mensonges nombreux et circonstanciés. C'est le juge qui, en 2001 et 2002, dirigeait l'instruction de cette affaire qualifiée de "fiasco judiciaire" et s'étant soldée par l'acquittement de 13 des 17 accusés. "Dans le bureau de M. Burgaud, pour la première fois j'avais un homme devant moi qui m'écoutait et (pour) qui j'avais beaucoup d'importance...", a-t-elle expliqué à la barre, pressée de questions par le président de la cour, Philippe Dary. Il faut dire qu'une grande partie de cette affaire de "réseau pédophile présumé" a reposé sur les dépositions détaillées que faisait Myriam Badaoui.

"Lorsque je disais la vérité, le juge n'était pas content". "Après, quand je rentrais en cellule, je me disais : 'tu dis n'importe quoi' et quand je voulais revenir sur mes déclarations, il me disait que j'étais une menteuse...", a-t-elle ajouté d'une voix cassée, pleurant toujours. "C'est très difficile parce que des vies ont été détruites... et M. Burgaud ne m'a pas aidée non plus". La mère incestueuse a raconté comment se déroulaient les auditions avec le juge d'instruction, notamment celle durant laquelle elle avait menti au sujet de Daniel Legrand, l'impliquant dans le dossier.

"Lorsque je disais la vérité, le juge n'était pas content, il tapait du poing sur le bureau et il m'a parlé de Daniel Legrand en me montrant des photos, il m'a dit qu'il avait eu un problème en Belgique...", a-t-elle indiqué, faisant référence à l'histoire du meurtre d'une fillette belge au cours d'une orgie, inventée par Legrand fils pour attirer l'attention du juge Burgaud. Interrogé vendredi dernier en visioconférence, ce dernier a démenti avoir suggéré à Myriam Badaoui, lors d'un interrogatoire, le nom de Daniel Legrand et de son père homonyme, également acquitté et décédé en 2012. 

Libérée en 2011, aux deux tiers de sa peine. Condamnée en 2004 à 15 ans de réclusion criminelle pour les viols de ses fils, elle a été libérée en 2011 après avoir purgé les deux-tiers de sa peine.

Mardi, son ex-mari Thierry Delay, condamné à vingt de réclusion pour les viols de ses enfants, a disculpé Daniel Legrand de ces crimes lors d'un témoignage par vidéoconférence, alors que deux de ses fils partie civiles, Chérif et Jonathan, affirment que M. Legrand faisait partie de leurs agresseurs lorsqu'il était mineur. En 2004 puis 2005, Mme Badaoui avait déjà disculpé Daniel Legrand et son père homonyme.

>> Suivez le procès minute par minute en compagnie de notre journaliste Noémie Schulz depuis Rennes >> pour voir le direct, rendez-vous sur son fil Twitter :