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Louise Sallé / Crédits : Thomas SAMSON / AFP
Il y a plusieurs mois, le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris, Philippe Le Guillou, était menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile. L'une des personnes ayant proféré ces menaces est jugé au tribunal judiciaire de Paris à compter de ce mercredi.

En février dernier, le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris, Philippe Le Guillou, recevait des menaces de mort sur internet après avoir demandé à une élève de retirer son voile. Ce mercredi, un homme de 27 ans est jugé au tribunal judiciaire de Paris pour avoir proféré l’une de ces menaces. Elles ont entraîné la mise en retrait du proviseur de ses fonctions, pour des raisons de sécurité. Aujourd’hui à la retraite, l’ancien proviseur devrait être présent à l’audience où il compte s'exprimer pour la première fois. 

"Des épisodes de violence extrême que l’on n’oublie pas"

Après cet épisode douloureux, Philippe Le Guillou a arrêté de travailler à contrecœur, plusieurs mois avant sa retraite qui démarrait le 1ᵉʳ octobre. Il a également déménagé, et vécu des semaines sous protection policière. Le Syndicat national des personnels de direction (SNPDEN) s’est porté partie civile pour ce procès, en soutien à leur collègue. Carole Zerbib, membre de l’exécutif de ce syndicat et proviseure à Paris sera donc présente à l’audience.

"Des épisodes de violence aussi extrême dans l'exercice de nos fonctions, c'est sûr que ce sont des choses que l'on n'oublie pas facilement…", confie-t-elle. "Mais il ne faudrait pas que dès qu'il y a un problème, on menace aussitôt de mort le chef d'établissement sur les réseaux sociaux", s’indigne Carole Zerbib. "Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude".

"Sans protection, le monde de l’éducation risque de reculer"

D’après son avocat, l’ancien proviseur du lycée Maurice Ravel espère que ce procès servira à tous ses collègues, pour que la justice montre aux profs qu’ils sont protégés lorsqu’ils se battent au nom de la laïcité. "Une partie des enseignants s'autocensurent sur la laïcité et certains professeurs qui ont été menacés n'osent plus sortir à partir d’une certaine heure ! Ils restent méfiants", affirme Maître Francis Lec, avocat de Philippe Le Guillou. 

"S’il n'y a pas une protection effective de l'État et de l'autorité judiciaire, le monde de l'éducation risque malheureusement de reculer", se désole-t-il. Dans ce jugement, le suspect, grand frère d’une élève du lycée Maurice Ravel, est actuellement sous contrôle judiciaire. Il a reconnu les faits et regretté sa phrase, publiée sur les réseaux sociaux : "Il faut le brûler vif ce chien". Pour ces mots, il risque jusqu’à 5 ans de prison et 45.000 euros d’amende. La jeune fille, enfin, à qui le proviseur avait demandé d’enlever son voile, et qui avait menti en prétendant qu'elle avait été frappée, fait l'objet d'une enquête préliminaire toujours en cours.