De la Bretagne à l'État islamique. C'est le funeste destin d'Emilie König, une djihadiste française rapatriée ce samedi en compagnie de 16 autres femmes et de 35 enfants, retenus dans un camp du Nord-Est de la Syrie. Mise en examen puis placée en détention provisoire dès son arrivée à Paris, elle était la Française la plus activement recherchée par les services de renseignements américains. L'ONU l'avait même inscrite sur sa liste noire des combattants les plus dangereux.
La proximité d'Emilie König avec les thèses de l’État islamique est sans équivoque. Dans des vidéos de propagande, elle avait appelé à attaquer les institutions françaises ainsi que les femmes de soldats. Les services de renseignement la soupçonnent également d’avoir recruté pour le compte de Daesh.
"Bien sûr que je regrette"
Celle qui se fait appeler Samra quitte Lorient en novembre 2012, laissant derrière elle ses deux fils de 3 et 5 ans. Direction l’Irak et la Syrie avant d'être capturée en 2017 sur une zone de guerre. Un parcours terroriste qu’elle regrette, disait-elle l’année dernière auprès de l'AFP. "Bien sûr que je regrette. J'ai 36 ans, ça y est, ma vie est passée. Toutes mes années de jeune femme, c'est derrière. Je vais tout reprendre en main pour mes enfants, je vais me battre pour eux, c'est eux qui me tiennent. Même s'il ne sont plus là aujourd'hui, je me battrai pour eux", déclarait-elle alors.
>> LIRE AUSSI - Un documentaire BFMTV explore la question du rapatriement des enfants français de Daesh
Sur les dernières images connues d’elle, Emilie König a abandonné le hijab pour la casquette et le legging. Véritable rédemption ou tentative de dissimulation pour celle qui jure ne pas avoir de sang sur les mains ? Certainement, en tout cas, le début d’une stratégie de défense judiciaire, en attendant les premières questions des juges d’instruction.
Le changement de stratégie de la diplomatie française
Dans une telle situation, la raison de ce rapatriement a de quoi interroger, compte tenu du caractère assumé de la démarche d'Emilie König. Jusqu'alors, la diplomatie française appliquait une politique de cas par cas, jugeant préférable que les majeurs soient jugés sur place. Cette position s’est heurtée à celle des services de renseignement qui estiment plus facile de suivre ce type d’individus lorsqu'ils les ont à disposition, en France.
L'objectif est d'éviter, par exemple, la reconstruction de commandos envoyés depuis l’étranger. Un argument qui a de quoi convaincre, mais qui présente tout de même un risque. Impossible de certifier que dans 10, 20 ou 30 ans, ces profils ne passent pas sous les radars et ne retombent dans la clandestinité.
Sans compter les difficultés que rencontrent les services de l’aide sociale à l’enfance à qui il revient de prendre en charge dès maintenant ces enfants rapatriés. Ils vont être placés dans des familles d’accueil puis réintégrés dans un parcours scolaire alors même que certains d’entre eux ont été amenés en zone irako-syrienne à tuer de sang froid.