Une nouvelle affaire de pédophilie embarrassante pour l'Eglise catholique. Un prêtre de 70 ans, longtemps responsable d'un groupe de scouts indépendants, fait l'objet de plusieurs plaintes pour des agressions sexuelles remontant aux années 1990, dans la région lyonnaise. Une enquête préliminaire a été ouverte. Deux de ses victimes présumées viennent de créer une association, "La Parole Libérée", pour briser la loi du silence, qui a permis au prêtre de rester au contact des enfants jusqu’à l’été dernier.
>> Europe 1 a rencontré François Devaux, l'une des victimes présumées, qui avait dénoncé les faits dans les années 1990.
"Il m’embrassait dans le cou". François Devaux a 36 ans. Il est aujourd’hui chef d’entreprise et père de famille. En mai 1990, à l’âge de 10 ans, il raconte avoir été abusé par le curé de Sainte-Foy-lès-Lyon, qui lui demande de rester le soir, après les camps scout. "Il m’a demandé de rester près de lui. Il m’a attrapé la jambe droite et puis j’ai senti sa main glisser le long de ma cuisse pour arriver jusque sous mon short. Il m’embrassait dans le cou, en me susurrant des mots de réconfort. Et là, en m’embrassant, en passant d'une joue à l’autre, il m’a embrassé sur la bouche", raconte-t-il au micro d’Europe 1.
Réaffecté malgré les propres aveux du prêtre. Le soir, le jeune François raconte tout à ses parents, qui saisissent le diocèse et menacent de tout raconter à la justice. Le curé est alors écarté. Définitivement, pense la famille Devaux. En réalité, le prêtre aurait été discrètement réaffecté, officiant jusqu’en 2015. Et donnant même, pendant des années, des cours de catéchisme à des enfants, malgré d’autres plaintes et les aveux du prêtre. L’église aurait donc fermé les yeux sur ces agissements.
"Ces gens-là sont irresponsables". Une omerta qui révolte François Devaux. "Je n’ai plus d’estime pour eux. Je déplore cette conspiration du silence pendant aussi longtemps. Je considère que ces gens-là sont irresponsables. Cette église-là, je n’en veux pas dans mon pays, c’est clair et net", lâche-t-il. Certains faits sont prescrits, mais plus d’une dizaine de plaintes ont été déposées contre le prêtre, mis à la retraite seulement l’été dernier par le diocèse de Lyon.