L'essai thérapeutique qui a entraîné l'hospitalisation de six personnes, dont une en état de mort cérébrale, portait sur une molécule censée soulager douleurs et anxiété, qui était testée pour la première fois sur l'homme. Autorisé par l'Agence du médicament (ANSM), l'essai, aujourd'hui arrêté, devait porter au total sur 128 volontaires sains, âgés de 18 à 55 ans, d'après la ministre de la Santé Marisol Touraine. 90 ont reçu la molécule à "des doses variables" depuis juillet dernier, tandis que d'autres ont reçu un placebo, a-t-elle précisé vendredi.
Apparition des symptômes après trois jours. Les personnes hospitalisées faisaient partie d'un "même groupe" qui a reçu le médicament de manière répétée à partir du jeudi 7 janvier. Le 10 janvier, des symptômes sont apparus sur une première personne, celle qui est aujourd'hui en état de mort cérébrale. Puis cinq autres personnes faisant toutes partie du groupe qui avait reçu des doses importantes de la molécule, ont été hospitalisées à la suite de "troubles neurologiques de gravité différente".
Uniquement des hommes. Il s'agissait uniquement d'hommes, âgés de 28 à 49 ans, qui se connaissaient entre eux. Pour trois d'entre eux, le Dr Pierre-Gilles Edan a évoqué la possibilité de "handicaps irréversibles" avant de revenir en arrière, estimant qu'on ne pouvait pas se prononcer à ce stade. Développée par le laboratoire portugais Bial, la nouvelle molécule était pour la première fois testée sur l'homme par la société Biotrial, un centre de recherche médicale basé à Rennes et spécialisé dans la réalisation d'essais cliniques.
Pas de cannabis. Elle ne contenait pas de cannabis mais avait pour objectif d'augmenter le taux de "cannabinoïdes endogènes", des substances naturelles produites par le corps humain pour lutter contre la douleur et l'anxiété. Selon la ministre, la molécule visait à traiter les troubles de l'humeur et de l'anxiété ainsi que les troubles moteurs liés aux maladies neurodégénératives (comme Alzheimer ou Parkinson).
L'essai arrêté le 11 janvier. Le but de la phase 1 de l'essai était d'évaluer la sécurité d'emploi et la tolérance de la molécule, prise par voie orale, d'abord en doses uniques puis en doses multiples, répétées sur plusieurs jours. L'arrêt prématuré de l'essai a été décidé par le laboratoire Biotrial le 11 janvier. Tous les participants à l'essai vont désormais être contactés et invités à subir un examen médical au CHU de Rennes. Un numéro de téléphone a été mis à leur disposition (02 99 28 24 47).