Le procès pour homicides et blessures involontaires de la compagnie Yemenia s'ouvre lundi à Paris, près de 13 ans après le crash d'un avion au large des Comores qui avait tué, en 2009, 152 personnes et laissé une unique rescapée âgée de 12 ans. Des dizaines de proches des victimes sont attendus à 13h30 devant le tribunal correctionnel de la capitale et aussi à Marseille, où une partie du procès est retransmis pour ceux, nombreux, qui résident dans la région.
"Ça me hantera toujours jusqu'à la fin de ma vie"
Sur le mur du salon, une photo pour ne jamais oublier le sourire éclatant de Youssouf, un adolescent de 17 ans. "Tout allait bien, il partait en vacances pour un mois. Ça me hantera toujours jusqu'à la fin de ma vie", raconte Marie Omar au micro d'Europe 1. Le 30 juin 2009, elle a perdu son petit frère, mais également sa mère, Saliha, tous les deux se trouvaient au bord du vol de la Yemenia.
"Je m'en souviens parce que c'est moi qui les ai ramenés à l'aéroport. Mon frère était content d'aller en vacances. On parlait de l'après, mon frère devait passer son permis, il aurait eu 18 ans en décembre de la même année", poursuit Marie Omar.
"Ils disaient que c'était le crash des pauvres"
Après s'être lancé à corps perdu dans l'aide aux autres familles des victimes au sein d'une association, ce procès est pour elle l'instant de vérité qu'elle n'attendait plus. "Vous vous rendez compte, c'était en 2009. On est en 2022. Il y avait 152 passagers dans cet avion. Ils ne peuvent pas être morts pour rien. Il faut qu'ils [les responsables de la compagnie] soient condamnés, une vraie sanction. Il faut qu'ils reconnaissent leurs manquements".
"Ils n'ont pas reconnu qu'il s'est passé quelque chose. Ils ne nous ont même pas présentés de condoléances. Il n'y avait pas de cellule de crise, il y avait un mépris. Pour eux, il fallait qu'on oublie. Ils disaient que c'était le crash des pauvres", livre Marie Omar. Marie Omar a bien prévu de se rendre à Paris pour suivre ce procès qui est prévu jusqu'au 2 juin prochain.