Les proches et un ex-collègue de Farid I., auteur présumé de l'attaque la veille d'un policier à Notre-Dame-de-Paris, peinaient à croire mercredi qu'il soit un djihadiste, un portrait éloigné de celui de l'homme qu'ils ont connu.
"Il faisait juste sa prière". Les documents d'identité retrouvés sur 'homme ayant agressé au marteau un policier devant la cathédrale Notre-Dame, avant d'être blessé par des tirs de riposte, sont au nom de Farid I., 40 ans, doctorant en sciences de l'Information à l'Université de Lorraine, dans l'est de la France. "Au départ, nous nous sommes dit qu'il y avait une erreur sur l'identité de la personne, l'homme dont on parle ne correspond pas à la personne que l'on connaît", a raconté Sofiane I., neveu de Farid I., joint à Béjaïa à 250 km à l'est d'Alger. "Farid était progressiste. Rien à voir avec le courant extrémiste, il faisait juste sa prière comme tout le monde", affirme cet avocat et défenseur des droits de l'Homme.
"Sous le choc". Farid I. est le benjamin d'une fratrie de quatre sœurs et sept frères, originaire d'Akbou, en Petite-Kabylie, non loin de Béjaïa a expliqué Sofiane I.: "Ses parents sont sous le choc et n'arrivent pas à croire ce qui arrive, que leur enfant soit la personne dont on parle". "L'an passé, quand il est venu en vacances, nous avons discuté de la situation au Moyen-Orient. Il disait ne pas croire en cette organisation (Etat islamique, EI) et a même qualifié (son chef, Abou Bakr) al-Baghdadi 'd'abruti'", se souvient Sofiane I.
"Inimaginable". Un journaliste algérien, qui avait recruté Farid I. en 2013 au sein de sa rédaction à Béjaïa, a lui estimé "inimaginable" que celui-ci soit un djihadiste. "Je n'arrive pas à croire que Farid soit (membre) de Daech (acronyme arabe de l'organisation Etat islamique) ou qu'il puisse avoir une quelconque appartenance à une quelconque organisation de ce type. C'est inimaginable", a déclaré Kamel Medjoub, chef du bureau de Béjaia du quotidien francophone El Watan. "Il a peut-être pété un plomb et agressé un policier mais de là à prêter allégeance à Daech, c'est inimaginable", a-t-il estimé, joint par téléphone à Béjaia, à 250 km à l'est d'Alger.
"Aucun signe de radicalisation". En avril 2013, Kamel Medjoub avait recruté Farid I. en tant que journaliste au bureau de Béjaia d'El Watan, journal farouchement opposé aux islamistes. Les deux journalistes ont travaillé ensemble près d'un an avant que Farid I. ne décide de partir en France terminer ses études. Kamel Medjoub affirme que Farid I. ne présentait "aucun signe d'engagement religieux ou de radicalisation" et dit ne pas comprendre ce "revirement", ce "grand virage".
Une vidéo d'allégeance. Dans l'appartement que Farid I. louait à Cergy, en banlieue parisienne, les policiers ont retrouvé une vidéo dans laquelle il prête allégeance à l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), selon une source proche de l'enquête. En attaquant un membre d'une patrouille de police en plein cœur du Paris touristique, l'agresseur a revendiqué être "un soldat du califat", un terme utilisé pour désigner le califat autoproclamé en juin 2014 de l'EI sur des territoires conquis en Irak et en Syrie.