Déraillement mortel en Alsace : que s'est-il passé ?

Train Strasbourg déraillement AFP
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J.R avec AFP , modifié à
Un train s'est renversé à Eckwersheim, près de Strasbourg. Au moins dix personnes sont décédées, selon la préfecture du Bas-Rhin. 

Un TGV a déraillé samedi près de Strasbourg et a terminé sa course dans l'eau d'un canal, faisant au moins 10 morts, le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981. Accompagnée du préfet Stéphane Fratacci et du président de la région Philippe Richert (LR), Ségolène Royal s'est rendue sur place et a passé en revue dans la nuit noire les pompiers et secouristes du Samu, ainsi que les plongeurs de la gendarmerie. "C'est un drame apocalyptique", a-t-elle dit, en manifestant sa "solidarité avec les familles des victimes et des cheminots".

 

  • Qui sont les victimes ?

Les dix tués faisaient partie d'une équipe de 49 techniciens et cheminots, seuls à bord de la rame. Le train circulait à quelque 350 km/h au moment de l'accident survenu vers 15H00 à Eckwersheim, à une vingtaine de km au nord de Strasbourg, sur la ligne à grande vitesse devant être mise en service au printemps prochain, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête. Outre les dix personnes tuées, 25 blessés étaient en "urgence relative" et 12 autres en "urgence absolue", a précisé la préfecture du Bas-Rhin.

  • Que s'est-il passé ? 

L'accident s'est produit près d'un pré dans une zone agricole dépourvue d'habitations, où seuls vivent des plaisanciers occupant à l'année des péniches installées le long du canal. La rame argentée du train, composée de cinq voitures, était visible à plusieurs centaines de mètres, au pied d'un pont métallique rouge enjambant le canal de la Marne au Rhin, large d'une quarantaine de mètres, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le centre de la rame et sa locomotive était couchés sur les berges, l'arrière dans l'eau. 
Au moment de l'accident, un grand panache de fumée noire a été vu à plusieurs kilomètres à la ronde par des témoins, notamment à Vendenheim, commune proche de Bischheim où se trouve un technicentre de la SNCF.
Dans l'impact, le train s'est disloqué en faisant un bruit métallique extrêmement fort. Aurelia, 21 ans, assistante commerciale, a vu une fumée s'élever et s'est rendu près du lieu de l'accident: "Je faisais les boutiques, et en sortant j'ai vu une grande fumée noire. C'est là que je me suis dit que quelque chose de grave s'était passé". Des adolescents qui se trouvaient dans un skate-park ont raconté avoir senti une odeur âcre de brûlé quand ils ont aperçu le panache qui formait une sorte de "boule".

  •  Les raisons du déraillement encore inconnues 

Le train aurait "déraillé en raison d'une vitesse excessive", a indiqué Dominique-Nicolas Jane, directeur de cabinet du préfet d'Alsace. Une équipe de plongeurs de la gendarmerie, des hélicoptères de la sécurité civile, ainsi que plusieurs dizaines de véhicules de secours, ont été dépêchés sur les lieux de l'accident.  "Une enquête interne a été ouverte", a précisé la SNCF. Le train comportait du matériel technique d'enregistrement de bord. Interrogée par l'AFP, la direction de la SNCF a souligné que "rien ne permet de faire un lien" avec les attentats de vendredi soir à Paris, rappelant qu'aucun voyageur ne se trouvait à bord de ce train en phase d'essai.

  • Des essais sur la ligne LGV en cours

Des essais sur la ligne LGV sont actuellement en cours afin de permettre de relier Paris à Strasbourg en 1H48 à partir d'avril 2016. La mise en service commercial de la LGV Est, d'une longueur totale de 406 km, est prévue le 3 avril 2016. Outre le gain de temps entre Paris et l'Est de la France, la seconde phase de la LGV permettra aussi d'assurer une liaison plus rapide entre Luxembourg et Strasbourg (1H36 contre 2H10 actuellement). Une douzaine de déraillements de TGV, parfois dus à des objets sur les voies, ont été recensés depuis 1981. Mais aucun n'a eu de conséquences aussi graves, et aucun ne concernait une rame d'essai.