L'arrestation s'était jouée sur un coup de chance, mais elle a permis de mettre au jour un projet d’attentat orchestré depuis la Syrie par des djihadistes français, révèle lundi Le Monde. Dimanche 19 avril, Sid Ahmed Ghlam se tire une balle dans le pied, ou plutôt dans la jambe. Blessé, il appelle alors le Samu, qui intervient en compagnie des policiers comme c'est toujours le cas lorsque la victime est blessée par balles. Là, les enquêteurs découvrent tout un attirail militaire dans le véhicule de Sid Ahmed Ghlam. Le matin même, le jeune homme projetait d'attaquer une église de Villejuif, dans le Val-de-Marne. En garde à vue, Sid Ahmed Ghlam avait évoqué des "commanditaires de l'Etat islamique". Et il n'a visiblement pas menti. Selon les investigations menées sur le matériel informatique du suspect, le jeune homme agissait sur ordre de djihadistes français implantés en Syrie depuis le début de l'année. Trois hommes qui illustrent à eux seuls la galaxie djihadiste de ces dernières années.
"Je viens de la part de Vega et Thomas". Les enquêteurs ont pu remonter jusqu'à eux grâce à la précision des instructions données à Sid Ahmed Ghlam. Peu avant la tentative d'attentat l'un des commanditaires suggère à l’étudiant de se rendre dans un garage de Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, pour récupérer un véhicule où il pourra cacher ses armes. "Quand tu arrives là-bas, tu demandes à parler à Rabi. Dès que tu le vois tu lui dis : 'Je viens de la part de Vega et Thomas pour récupérer la BMW 318'', indique le commanditaire, qui se trahit en livrant aux enquêteurs un surnom et un prénom, rapporte Le Monde.
Un homme proche du clan Merah. Rapidement, les enquêteurs de la DGSI identifient "Vega" et "Thomas". Le premier se prénomme en réalité Macreme A. et le second Thomas M. Deux hommes originaires de Seine-Saint-Denis partis en Syrie début 2015. Les deux hommes sont liés à un certain Fabien Clain, un toulousain d'origine réunionnaise, qui a rencontré à plusieurs reprises des membres de la famille de Mohamed Merah. Les deux hommes gravitaient en effet dans le même noyau de salafistes toulousains. En 2009, Fabien Clain a été condamné à cinq ans de prison pour avoir orchestré une filière d'acheminement vers l'Irak. Peu après sa libération, il a rejoint l'organisation Etat islamique,en Syrie, toujours selon Le Monde.
Trois suspects mis en examen en France. En France, l'enquête a permis l'interpellation de trois suspects, mis en examen depuis et reliés de plus ou moins loin à des filières djihadistes. Le premier avait été arrêté dans le cadre d'un projet d'attentat contre les services de renseignement, puis relâché faute de preuves en 2005. Le second a fréquenté Moussa Coulibaly, qui avait agressé trois militaires au couteau à Nice, dans les Alpes-Maritimes, en février. Le troisième était, pour sa part, en lien avec un ancien membre du Groupe islamique combattant marocain, soupçonné d'avoir commandité les attaques de Casablanca en 2003 et de Madrid en 2004.