Violences sexuelles dans le porno : trois acteurs et un réalisateur placés en garde à vue

Trois acteurs et un réalisateur ont été interpellés mardi dans l'enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques "French Bukkake" (Illustration).
Trois acteurs et un réalisateur ont été interpellés mardi dans l'enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques "French Bukkake" (Illustration). © GABRIEL BOUYS / AFP
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avec AFP
Mardi, trois acteurs et un réalisateur ont été interpellés dans l'enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques "French Bukkake". Ils ont été placés en garde à vue mardi dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en octobre 2020 pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé.

Nouveau coup de filet dans le porno dit amateur : trois acteurs et un réalisateur ont été interpellés mardi dans l'enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques "French Bukkake" qui secoue cette industrie depuis deux ans. Ils ont été placés en garde à vue mardi dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en octobre 2020 pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.

Depuis le début des investigations menées par les gendarmes de la section de recherches de Paris, plus d'une quarantaine de victimes se sont constituées parties civiles, ainsi que des associations.

12 poursuivis dans un dossier exceptionnel par son ampleur

Au total, 12 hommes, acteurs, réalisateurs, producteurs, sont poursuivis dans ce dossier exceptionnel par son ampleur. La grande majorité est incarcérée. Parmi eux, les producteurs surnommés "Pascal OP" et "Mat Hadix", très connus dans ce milieu du porno qui joue avec l'image de l'amateurisme.

Selon des éléments de l'enquête dévoilés par la presse et dont l'AFP a eu connaissance, la plateforme de "Pascal OP", "French Bukkake", du nom d'une pratique sexuelle, a attiré en premier l'attention d'enquêteurs: un abonnement permettait aux clients de participer en priorité à ces éjaculations collectives, avec des places réservées pour des sessions sans préservatifs. Ce système visant à faire payer des individus en échange de rapports sexuels organisés a nourri, aux yeux de la justice, des soupçons de proxénétisme.

Le mode opératoire cerné par les enquêteurs

Pour trouver des "actrices" pour les tournages, un mode opératoire a été cerné par les enquêteurs : un rabatteur, se faisant passer pour une femme "alliée", "Axelle", parvenait à convaincre ces femmes rencontrées sur l'internet, souvent avec des parcours de vie difficile et démunies, de se prostituer. Ce rabatteur se transformait ensuite en client et obtenait d'elles une prestation sexuelle visant à lever leurs réticences aux rapports tarifés.

Après les avoir laissées sans rémunération, "Axelle" les recontactait pour leur suggérer une nouvelle manière de se renflouer, via des vidéos pornos fortement rémunératrices destinées au Canada. Mais le film finissait par être accessible partout, y compris en France. Sujettes à de longues analyses par les gendarmes de la section de recherches de Paris, les vidéos réalisées "questionnaient réellement sur le consentement des jeunes femmes aux différentes prestations sexuelles", puisque dans certains passages, elles s'opposaient verbalement à des pratiques sexuelles qui leur étaient imposées.

De nombreuses affaires dans l'industrie pornographique

La qualification juridique de ces pratiques en viols est une nouveauté, de l'avis de plusieurs acteurs du dossiers. L'industrie pornographique française est sous le feu des projecteurs depuis deux ans : une autre enquête menée à Paris depuis juillet 2020 vise "Jacquie et Michel", incarnation en France du porno amateur et pilier tricolore de cette industrie. En juin, quatre hommes dont le fondateur du site, Michel Piron, ont été mis en examen dans une information judiciaire ouverte notamment pour proxénétisme aggravé, traite des êtres humains en bande organisée, viol avec torture et acte de barbarie.

 

Le monde politique s'est aussi saisi du sujet, puisque la délégation aux droits des femmes du Sénat doit présenter mercredi son rapport sur l'industrie de la pornographie. Lors d'une audition en juin dans le cadre de ces travaux, Hélène Collet, vice-procureure au parquet de Paris chargée du dossier "French Bukkake", avait évoqué les "moyens importants" et le "travail considérable" sur cette enquête. "Un enjeu réside dans le retrait des vidéos", source de "nombreux problèmes juridiques, notamment si l'hébergeur de la plateforme est à l'étranger", soulignait la représentante du ministère public.

"C'est sans fin", s'est désolé un avocat de partie civile auprès de l'AFP. Il a précisé que cette question était cruciale pour les plaignantes, qui auraient payé les producteurs pour obtenir le retrait de la diffusion des images sur leur site... sans aucun effet sur le reste de la Toile où la vidéo avait été dupliquée. Une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que les interpellations de mardi pourraient être les dernières, avant la perspective d'un procès aux assises.